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La communication

Le métaprogramme: un logiciel du cerveau pour mieux se comprendre

Marc Vachon, m.ps.

La Programmation neurolinguistique ou PNL a identifié un filtre important de la réalité – le métaprogramme – dont la connaissance aide à comprendre pourquoi nous éliminons certains aspects de notre expérience et pourquoi nous nous concentrons sur d’autres. Pourquoi, par exemple, il y a des gens qui regardent un verre rempli à moitié et disent qu’il est déjà à moitié vide alors que d’autres sont plus centrés sur la moitié qui reste. Simple question d’attitude, direz-vous? Certains sont plus positifs, optimistes, alors que d’autres sont plus négatifs, pessimistes, réalistes?

Pour la PNL, il faut plutôt chercher l’explication dans ce qu’elle nomme les métaprogrammes, sorte de logiciels du cerveau, qui traitent les informations, les classent et déterminent ce qui va retenir notre attention et ce que nous allons éliminer, étant donné le trop grand nombre de stimulations qui arrivent en même temps à nos sens. Nous allons vous en présenter trois qui touchent particulièrement votre façon personnelle d’apprendre, d’évaluer votre travail et de vous motiver.

La réponse à des questions toutes simples pourrait ainsi vous révéler des clefs importantes pour vous aider à mieux vous connaître, à comprendre vos collègues de travail et vos proches et à communiquer plus efficacement avec eux Surtout, vous comprendrez mieux pourquoi le comportement d’individus placés dans une même situation peut-il être si différent.

Répondez à ces questions

métaprogrammeNous vous suggérons de vous munir d’abord d’un crayon et d’un papier, puis d’écrire vos réponses aux questions suivantes. Ce sont ces réponses qui vont vous permettre d’identifier vos métaprogrammes et de mieux vous comprendre.

1- Regardez les trois pièces de monnaie ci-contre. Puis, pendant une minute, écrivez les liens qui existent entre ces trois pièces, toutes les relations que vous faites entre elles.

2- Maintenant, prenez quelques instants pour réfléchir à la question suivante, puis écrivez vos réponses. Comment savez-vous que vous avez fait un bon travail?

3- Pour vous, qu’est-ce qui est important dans un travail?

4- Si vous avez arrêté de fumer, qu’est-ce qui vous a décidé à le faire? ou si vous préférez Qu’est-ce qui vous a décidé à perdre du poids ou à vous mettre à l’entraînement?

Premier métaprogramme: votre manière d’apprendre

Prenez maintenant vos réponses à la première question et remarquez si vous avez donné des ressemblances entre les pièces de monnaie, des différences ou les deux? Remarquez bien que nous avons demandé de faire des “relations” entre les pièces. La majorité des gens va d’abord voir les ressemblances entre les trois pièces avant les différences. On les appelle les associatifs. Ils répondront, par exemple, que ce sont toutes des pièces de monnaie (Euros), qu’elles sont toutes rondes, qu’elles servent toutes à acheter des choses, qu’elles ont toutes des lignes, qu’elles sont toutes en métal, etc.

D’autres verront d’abord les différences et répondront que ces pièces sont de grandeur différente, qu’elles n’ont pas la même valeur, que le côté pile est différent sur les trois, qu’il y en a deux qui ont deux couleurs alors que la troisième n’en a qu’une, etc. On dira d’eux qu’ils sont plutôt dissociatifs. Et certains autres vont voir un mélange de ressemblances et de différences. Il y a donc un continuum entre le très associatif d’un côté et le très dissociatif de l’autre. (Lire aussi:  Perception du changement: 3 filtres à connaître)

Cette différence individuelle réfère à notre façon d’apprendre. Quand ils reçoivent de l’information, les personnes plutôt associatives ont tendance à voir d’abord comment cette information ressemble à ce qu’ils savent déjà, comment elle correspond à leurs références. Les dissociatifs, quant à eux, vont plutôt essayer de voir comment l’information reçue diffère de leurs références. Dans une équipe de travail, ce sont ces derniers qui voient les exceptions en premier ou ce qui ne marche pas dans un projet. Ils ont souvent une objection, vont commencer leur phrase par Oui…Mais! ou encore Sauf que… Leur avis est précieux puisqu’il permet de prévoir les obstacles et de s’y préparer. Ils ont davantage le sens critique et, pour cette raison, tombent parfois sur les nerfs des associatifs. Par contre, si on les écoutait tout le temps, on n’en finirait plus de se préparer. Ces sont des personnes qui aiment quand ça change, qui réorganisent souvent, qui n’aiment pas la routine, les situations statiques. Elles sont attiresé par ce qui est nouveau.

Dans une organisation (comme dans un couple), les associatifs sont souvent ceux qui veulent que les choses continuent de la même manière. Étant concentrés d’abord sur les ressemblances, ils ont moins besoin de changement puisque, pour eux, plus ça change, plus c’est pareil. On les retrouvera d’ailleurs à leur aise dans un travail plus routinier et, si aucune situation extérieure n’intervient, ils garderont leur emploi pendant beaucoup plus longtemps que les dissociatifs.

Comment motiver un associatif face à une nouvelle situation? Il faudra peut-être d’abord lui montrer les ressemblances entre celle-ci et d’autres qu’il connaît déjà, ce qui ne changera pas. Mais pour rejoindre le dissociatif, il faudra mettre des nuances, prévoir ses objections, parce qu’il en aura.

Vous comprendrez bien sûr que mon propos n’est pas ici d’évaluer si un métaprogramme est meilleur qu’un autre. En fait, un métaprogramme peut être efficace dans une situation donnée et être nuisible dans un autre contexte. En les connaissant, cependant, nous comprenons mieux les réactions des autres ou les nôtres dans telle ou telle situation, l’idéal étant sans doute un sain équilibre qui nous permet de ne pas être enfermé dans un seul type de réaction.

2e métaprogramme: le siège de votre évaluation

Ce métaprogramme se réfère à la façon dont une personne juge ses propres gestes. À la question Comment savez-vous que vous avez fait un bon travail? certains vont répondre Je le sais… ou Je le sens. Ils ont un schème de référence interne, D’autres vont se fier davantage au feed-back qu’ils reçoivent des autres, aux remarques positives ou négatives qu’on leur fait (ou pas), aux gratifications monétaires ou aux félicitations qu’ils reçoivent. Leur schème de référence est externe.

Au travail, une personne interne aura moins besoin de la reconnaissance des autres. Elle se fie à elle-même, à l’encontre parfois des commentaires que peuvent lui faire les autres. La seconde en aura besoin plus régulièrement. que ce soit sous forme de tape dans le dos, d’un mot d’appréciation, d’un prix, d’une prime ou d’applaudissements.

J’ai déjà rencontré un excellent vendeur d’un gros bureau d’affaires qui a laissé son emploi parce qu’il ne recevait pas suffisamment d’appréciation de son patron. Ce dernier avait un schème interne de référence et ne comprenait pas le besoin de son vendeur d’être constamment encouragé, félicité, convaincu qu’il était que les chiffres de vente de son vendeur parlaient par eux-mêmes. De son côté, le vendeur, avec un schème de référence externe, trouvait son patron froid, distant et a décidé de se tourner vers une entreprise dans laquelle le patron lui faisait plus régulièrement part de son appréciation.

Encore ici, l’équilibre est à souhaiter. Une personne qui ne se fie qu’à elle-même, qui ne prend aucune remarque des autres, peut, à la limite, devenir mégalomane, alors que celle qui ne se fie qu’aux autres répondra toujours à ce que les autres ont planifié pour elle, sans jamais être capable de décider par elle-même de ce qui est bon pour elle, ce qui est souvent l’indication d’une piètre estime de soi.  (Lire aussi Dossier sur l’estime de soi et le sentiment de sa valeur)

3e métaprogramme: comment vous vous motivez

Les questions 3 et 4 peuvent mettre en lumière votre manière personnelle de vous motiver.

Tous les êtres vivants partagent une tendance profonde à rechercher le plaisir et à éviter la souffrance, mais nous avons tous un mode dominant. Certains sont davantage motivés à agir quand leur action leur permet d’éviter un malaise, un inconvénient, un conflit, un inconfort, une souffrance (bâton). Leur mode de motivation est l’évitement. Ils voudront par exemple éviter d’éprouver une peur (la peur d’être jugé, blessé, critiqué, par exemple), de perdre quelque chose (l’amour, un avantage, leur emploi, un statut) ou de ressentir un sentiment désagréable.

D’autres seront davantage motivés si leur action leur permet d’atteindre quelque chose (un but, un objectif, une mission), de relever un défi, d’obtenir un avantage (la reconnaissance, l’épanouissement, l’avancement, le statut), d’avoir des résultats tangibles (carotte). Leur mode de motivation est l’approche.

Par rapport à un travail, par exemple (question 3), certains diront qu’ils recherchent la sécurité d’emploi, les bonnes conditions de travail, les vacances, qu’ils veulent avoir la paix… Ceux-là sont davantage motivés par l’évitement. D’autres répondront qu’ils veulent un emploi dans lequel ils sentent qu’ils aident les autres ou qui leur permet d’utiliser leur créativité, de produire de nouveaux résultats, de s’épanouir… Ceux-là sont davantage motivés par l’approche.

On pourra évidemment avoir une façon différente de se motiver selon qu’il s’agisse de choisir une relation amoureuse, une voiture, une maison. Vous connaissez sans doute des gens qui choisissent une maison qui leur donnera le moins de travail possible (évitement), alors que d’autres vont la choisir pour le plaisir de la rénover (approche). C’est la même chose pour la santé: certains s’en occupent quand ils n’ont plus le choix, quand on leur annonce une maladie (évitement) alors que d’autres le font pour le plaisir d’être en santé et priviligieront la prévention (approche).

Connaître votre mode privilégié de motivation vous permet d’abord de comprendre pourquoi, même quand vous savez pertinemment ce qu’il faut faire, vous éprouvez de la difficulté à passer à l’action. Si, comme la majorité des gens, vous fonctionnez d’abord par évitement, peut-être que la situation n’est pas suffisamment souffrante, surtout si votre seuil de la souffrance ou du malaise est très élevé. Si vous fonctionnez par approche, peut-être n’y a-t-il pas suffisamment à gagner (voir note 1).

Connaître le mode de motivation des autres nous permet également de les motiver efficacement, qu’il s’agisse d’employés, d’étudiants et même de ses enfants. À celui qui est orienté vers l’évitement, il faudra peut-être lui faire voir tout ce qu’il va perdre, lui dire qu’il va le regretter toute sa vie, que ses conditions désagréables actuelles vont empirer s’il n’agit pas. Ces remarques ne rejoindront pas toutefois celui qui fonctionne par approche à qui vous parlerez plutôt de ce qu’il a à gagner, de ce qu’il va pouvoir réaliser, obtenir.

Un continuum

En terminant, il est utile de se rappeler que les deux pôles d’un métaprogramme ne sont pas mutuellement exclusifs et qu’il s’agit plutôt d’un continuum sur lequel on se situe et qui peut varier selon les domaines de notre vie. Vous pourrez, par exemple, être plus interne en ce qui touche la conduite de vos affaires financières et beaucoup moins par rapport à votre couple et à votre vie de famille. Certains seront plus dissociatif à la  maison, avec les proches, mais beaucoup moins au travail. De plus, les expériences de vie de vie nous obligent parfois, et c’est tant mieux, à les modifier.

Notes

(1) Si vous avez déjà en main notre livre Oser changer: mettre le cap sur ses rêves, je vous réfère au chapitre 5 Apprendre à se motiver (pp. 89 à 105). Vous en apprendrez davantage sur le métaprogramme de motivation, vos seuils de malaise et d’espoir, et comment vous en servir pour passer à l’action.

(2) L’article Visuel, auditif ou kinesthésique? 3 façons de percevoir vous présente des différences individuelles liées à nos modes de représentation privilégiés.

(3) Voir aussi Savoir comment grandir et être heureux, mais ne pas agir. Pourquoi?

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