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Conscience, Stress

Une bonne question pour vivre le moment présent

Marc Vachon, m.ps.

Quand vous faites du moment présent, et non pas du passé ou du futur, le point central de votre vie, votre capacité à prendre plaisir à ce que vous faites augmente de façon spectaculaire, tout comme la qualité de votre vie. (Eckhart Tolle)

Non, la fin du monde n’est pas arrivée le 22 décembre 2012 à la fin du calendrier maya. Et ce n’était pas la première ni la dernière prédiction de la fin des temps (voyez la liste).

Ce qui nous amène à cette question: Et si le monde allait finir…que feriez-vous?

Cette question a été posée par L’Intransigeant, ancien quotidien français, édité à Paris, qui a paru de 1880 à 1948. Voici le texte paru dans ses pages le 14 août 1922 et qui mérite réflexion.

«Un savant américain annonce la fin du monde, ou tout au moins la destruction d’une si grande partie du continent, et cela d’une façon si brusque, que la mort serait certaine pour des centaines de millions d’hommes. Si cette prédiction devenait une certitude, quels en seraient, à votre avis, les effets sur l’activité des hommes entre le moment où ils acquerraient ladite certitude et la minute du cataclysme ? Enfin, en ce qui vous concerne personnellement, que feriez-vous avant cette dernière heure?»

Des réponses intéressantes

Quelques réponses intéressantes ont été envoyées à la rédaction du quotidien. L’essayiste français Henri Bordeaux fit remarquer, avec humour, qu’une telle annonce conduirait la grande majorité des gens à l’église ou à la chambre à coucher la plus proche (ou les deux). D’autres affirmèrent qu’ils joueraient une dernière partie de bridge ou de golf…

Mais c’est la réponse que fit l’écrivain Marcel Proust  (À la recherche du temps perdu…) qui mérite le plus d’être lue et méditée en raison de sa profondeur et de sa justesse.  La voici:

Je crois que la vie nous paraîtrait brusquement délicieuse, si nous étions menacés de mourir comme vous le dites. Songez, en effet, combien de projets, de voyages, d’amours, d’études, elle – notre vie – tient en dissolution, invisibles à notre paresse qui, sûre de l’avenir, les ajourne sans cesse.

Mais que tout cela risque d’être à jamais impossible, comme cela redeviendra beau ! Ah si seulement le cataclysme n’a pas lieu cette fois, nous ne manquerons pas de visiter les nouvelles salles du Louvre, de nous jeter aux pieds de Mlle X…, de visiter les Indes. Le cataclysme n’a pas lieu, nous ne faisons rien de tout cela, car nous nous trouvons replacés au sein de la vie normale, où la négligence émousse le désir.

Et pourtant nous n’aurions pas dû avoir besoin du cataclysme pour aimer aujourd’hui la vie. Il aurait suffi de penser que nous sommes des humains et que ce soir peut venir la mort.

Le moment présent et l’éternité

Depuis très longtemps, la conscience de l’éventualité de la mort est présente quasi au quotidien dans ma vie et elle m’aide à faire des choix. Quand on réalise la courte durée de l’existence (même si on vit jusqu’à 100 ans…), on sent un sentiment d’urgence qui force à prendre des décisions et à agir dans le sens de ce qui nous tient le plus à cœur. De grandes décisions comme de plus petites. Ainsi, il m’arrive, quand je suis au restaurant et que j’ai de la difficulté à choisir, de me poser cette question: si c’était mon dernier repas, qu’est-ce que je choisirais?

Plusieurs aiment mieux ne pas penser à cette éventualité parce que cela les angoisse trop ou leur fait peur. Je peux facilement comprendre. Moi aussi, l’inconnu me fait parfois un peu peur et, comme la majorité des gens, je vis souvent comme si j’étais éternel.

Jusqu’à ce que cette question revienne: et si j’allais mourir demain, qu’est-ce que je ferais, là, tout de suite? Alors mon attention se porte immédiatement sur le moment présent, entre autres pour mesurer si ce que je suis en train de faire vaut la peine d’être fait. Si ce n’est pas le cas, y a pas de temps à perdre. Sinon, je m’absorbe dans ce présent, pleinement, entièrement, presque goulûment. Car dans ce moment présent, il y a l’éternité.

Une bonne question à se poser donc, car elle ouvre la porte à la découverte de nos valeurs et de nos priorités. C’est bien connu qu’une grande partie de notre stress vient de ce que nous ne savons pas clairement ce qui importe pour nous. D’où la difficulté de faire des choix à travers toutes les demandes (importantes et banales) de la vie quotidienne. Mais avec cette qualité d’attention, l’inquiétude s’envole.

Alors? Et si le monde allait finir…que feriez-vous?

Note: Pour apprendre à fixer ses priorités en fonction de ce qui est vraiment important pour soi, je vous réfère aux nombreux exercices de notre livre Oser changer: mettre le cap sur ses rêves.

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