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Émotions, Le changement, Psychologie positive

Pensée positive? Oui, mais comment faire?

Marc Vachon, m.ps.

On nous souvent parler de pensée positive (1). Si cela dépendait d’un simple acte de volonté, quand on me dit de faire de la pensée positive, je n’aurais qu’à le vouloir pour que mes pensées deviennent automatiquement positives. Facile à dire, mais pas nécessairement facile à faire.

Je vous présente ici une technique qui a fait ses preuves. Pour bien la comprendre, il faut savoir que nos comportements dépendent directement de nos états d’esprit.

États d’esprit et comportements: une suite logique

Avez-vous remarqué comment, à certains moments, des situations ou des gens peuvent nous amuser ou nous plaire, alors qu’à d’autres moments, ces mêmes situations ou gens nous tapent littéralement sur les nerfs? Pensez à ce copain toujours en blagues et qui a le don de détendre l’atmosphère. Habituellement, vous le regardez faire son spectacle et vous le trouvez désopilant, amusant. Mais c’est curieux comme il vous tape sur les nerfs le matin où vous êtes encore sous le choc de l’appel de votre garagiste qui vous a informé que le montant de la réparation de votre automobile représente à peu près trois semaines de salaire

Ou encore, souvenez-vous de cette musique entraînante que vous écoutez en travaillant et que vous trouvez subitement insupportable après vous être esquinté sans succès pendant deux heures sur le lave-vaisselle et avoir entendu le «toc» de la toute petite vis qui vient de tomber au fond avant de glisser doucement dans le trou de renvoi d’eau…

Ou finalement, pensez à cette étreinte affectueuse et agréable de votre ami ou conjointe qui passe derrière vous alors que vous travaillez à l’ordinateur et qui vous impatiente lorsque vous venez de perdre votre document non sauvegardé à cause d’une panne électrique.

Pourtant, c’est la même personne qui plaisantait ce matin-là, la même musique entraînante, la même étreinte. Qu’est-ce qui a changé? Vous! Vous n’êtes plus la même personne. Vous êtes dans un autre état d’esprit et, dès lors, vous avez un comportement différent.

Il faut arrêter de croire que vous êtes une victime passive des événements extérieurs et de vos émotions. Il y a quelques années, après un été particulièrement maussade et singulièrement pluvieux, plusieurs personnes que je côtoyais au travail se plaignaient d’être dépressives, sans entrain et en attribuaient la cause au mauvais temps de l’été, au manque de soleil, même à la carence en vitamine D. Pourtant, en septembre de l’année suivante, après un été très beau et bien ensoleillé, j’ai rencontré autant sinon plus de gens sans entrain au travail, démotivés. Croyez-le ou non, certains en mettaient la faute à l’été trop beau que nous venions d’avoir.

Non-sens, n’est-ce pas? Mais au-delà de l’absurdité de la chose, il y a là la démonstration que pour la majorité des gens, leur état d’esprit ne dépend pas d’eux, mais des événements extérieurs.

La question qui se pose alors est la suivante: est-il possible d’avoir la pensée positive sur commande? Bien sûr que non, Mais alors, quelles stratégies mentales utilisent ceux et celles qui, tout près de nous, semblent réussir à se mettre dans des états d’esprit dynamisants, même quand tout semble aller de travers autour d’eux? Comment font-ils pour continuer à aller de l’avant, à se motiver, à avoir confiance en eux? Comment font-ils pour rire, encourager les autres, aimer, être enthousiastes, déterminés, heureux? Ont-ils une clef que d’autres n’ont pas ou sont-ils tout simplement insouciants.

Pensée positive et représentations mentales

Les personnes qui réussissent à entretenir la pensée positive et des états d’esprit dynamisants sont capables de modifier leur façon de voir les choses, leur façon de se représenter les situations, de façon à provoquer des émotions qui vont leur permettre de faire ce qu’ils doivent ou veulent faire. Comment?

En agissant avec leurs représentations mentales un peu comme le fait un réalisateur au cinéma. En fait, nous avons chacun notre cinéma intérieur et toutes nos expériences sont en quelque sorte enregistrées ou codées dans notre cerveau sous forme d’images, de sons et de sensations. Aussitôt que nous repensons à une expérience donnée, nous reproduisons dans notre esprit le film de cette expérience, son code si vous préférez, et nous revivons alors l’émotion et la physiologie qui l’accompagnaient.

Un petit exercice pour le vérifier

Fermez vos yeux et revenez à une situation ou une expérience que vous avez vécue et qui était pénible (pas trop quand même)… Imaginez la scène dans votre esprit et ramenez-la dans le moment présent… Qu’est-ce qui se passe à ce moment? Que voyez-vous? Y a-il des gens autour de vous? Que disent-ils? Qu’est-ce que vous vous dites à vous-même dans cette scène?  Si vous avez réussi à reprendre contact avec la représentation de cette expérience, vous avez commencé à ressentir à nouveau les émotions qui se rattachaient à cette scène pénible, comme si vous y étiez. La simple représentation dans votre cinéma intérieur d’une situation passée fait réagir votre cerveau comme si vous étiez en train de revivre cette situation.

Et vous pourriez faire la même chose par rapport à une situation future que vous anticipez. Même si la situation n’est pas encore présente, le simple fait de l’imaginer provoque en vous des émotions. En fait, le cerveau ne fait pas la différence entre une situation réelle et une autre bien imaginée. Or, il est possible de modifier ces représentations pour qu’elles cessent de provoquer des états d’esprit paralysants.

Pensée positive et technique de brouillage

Il existe plusieurs techniques de brouillage qui permettent d’enlever son effet paralysant à une représentation mentale (souvenir, pensée obsédante, etc.). Nous en décrivons plusieurs dans Oser changer: mettre le cap sur ses rêves. En voici un exemple.

Une personne rentre chez-elle le soir en ressassant sans arrêt dans sa tête la critique acerbe que son patron lui a faite. Supposons qu’elle réussisse à prendre une distance par rapport à la scène et qu’elle la voit comme si elle se passait très loin d’elle, entre deux autres personnes; immédiatement, cette dissociation va réduire l’anxiété.

Supposons maintenant qu’elle brouille volontairement l’image claire, précise et toute en couleurs qu’elle se fait de la scène. Elle l’éloigne d’elle et revoit la scène en tons de gris. Ajoutez à cela qu’elle repasse la scène modifiée en l’accompagnant d’une bande sonore amusante, par exemple la chanson Acuna Matata du Roi Lion.

Supposons maintenant qu’elle fasse défiler la scène à l’envers, à vitesse rapide ou qu’elle entende la voix de son patron comme si elle était au ralenti. En plus de tout cela, elle arrive à imaginer son patron faisant la même critique, mais avec une perruque verte et un nez de clown et une petite voix haut perchée. Pensez-vous que le souvenir va provoquer le même effet? Bien sûr que non.

En fait, seulement une de ces techniques aura probablement suffi à brouiller la représentation paralysante et, conséquemment, à modifier l’effet que le souvenir a sur elle.

Voilà ce que réussissent à faire ceux qui entretiennent des états d’esprit dynamisants. Ils jouent avec leur cinéma intérieur, ils modifient la perspective qu’ils ont d’une situation de façon à entretenir l’état d’esprit souhaité. En résumé, ils changent le focus de leur attention

Conclusion

Nous sommes jusqu’à un certain point condamnés à contrôler nos états d’esprit, sous peine d’être contrôlés par eux, par la température, par le résultat d’une partie de hockey ou de foot, par l’humeur des autres, etc. Vous savez maintenant un peu plus comment font ceux et celles qui arrivent à le faire. À vous de jouer et de décider de mettre en pratique ces moyens. Vous savez comment aller plus loin que la pensée positive.

(1) La pensée positive désigne un mouvement pseudo-scientifique créé en 1952 par le pasteur Norman Vincent Peale et véhiculé dans les années 2010 par différents acteurs œuvrant dans le secteur économique du développement personnel. (Source Wikipedia)

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