Beaucoup d’adultes, de parents, croient qu’il n’y a pas d’anxiété et de stress chez l’enfant, justement parce qu’ils sont des enfants et qu’ils n’ont pas de vrais défis à relever. Rien n’est plus faux. Marie Bérubé.
École, devoirs, leçons, cours de musique, activités sportives… Votre enfant ne sait plus où donner de la tête. Si le surmenage a de tout temps guetté nos chères têtes blondes, elles sont de plus en plus soumises à un rythme de vie effréné.
Pour combattre ce phénomène du stress chez l’enfant, Marie Bérubé, auteure en psychologie, exhorte les parents à valoriser leur enfant pour leurs qualités et habiletés propres tout en accordant moins d’importance à la performance. Rencontre avec l’auteure de Être parent. Poser les bons gestes.
M.B. Le stress a toujours été présent dans le développement, car grandir implique inéluctablement de se confronter à la nouveauté et à l’inconnu. Mais notre monde moderne place les enfants devant beaucoup plus de défis qu’autrefois. Il offre quantité de stimulations nouvelles et de possibilités, mais aussi beaucoup d’insécurité et d’anxiété. De plus, les enfants sont très perméables au stress que vivent leurs parents, surtout si ceux-ci éprouvent des difficultés à le gérer comme c’est le cas aujourd’hui.
M.B. Il ne faut pas généraliser, mais certains le sont effectivement.
M.B. De façon générale, les séparations et les divorces constituent toujours un traumatisme important pour les enfants et une menace à leur sécurité. La structure de la famille élargie (grands-parents, oncles, tantes, cousins, cousines) est moins présente. Plusieurs familles déménagent chaque année, ce qui signifie la perte des amis, un nouveau quartier, une nouvelle école. Le phénomène de la violence dans la famille génère aussi beaucoup d’anxiété chez les enfants qui en sont témoins ou objets.
À ces causes viennent s’ajouter les pressions et les exigences propres de la vie scolaire, les standards de réussite très élevés et même les activités sportives ou artistiques à l’intérieur desquelles, plutôt que la détente escomptée, on retrouve encore des demandes exagérées de performance.
Trop de parents mettent énormément de pression pour obtenir de leurs enfants des performances à l’école ou ailleurs et mesurent leur efficacité parentale par les résultats scolaires et le niveau académique de leurs enfants. Plus les parents investissent dans leurs exigences, plus les enfants vivent de l’anxiété et deviennent rebelles et pleins de ressentiment. Plus les enfants sont poussés au succès, plus le stress augmente.
M.B. Les jeunes enfants (et même beaucoup d’adultes) n’ont pas les habiletés pour verbaliser leurs émotions, leur anxiété et leur stress. C’est donc dans leurs comportements que les enfants vont exprimer leurs problèmes. On assiste alors à de l’irritabilité, de l’agitation, ou même des comportements violents antisociaux dirigés contre des objets ou contre les autres.
Parfois, il y aura régression à des comportements plus jeunes. L’enfant peut, par exemple, recommencer à sucer son pouce, pleurer ou se plaindre fréquemment. Il peut avoir tendance à être malade plus souvent, se plaindre de maux de ventre ou de tête. Il peut présenter un sommeil plus agité, faire des cauchemars, manquer d’appétit. Sa concentration est souvent faible, il est distrait, absent.
M.B. Les symptômes ne sont jamais là pour rien. Ce sont toujours des réactions à des événements ou à des circonstances particulières. Tant que les conditions qui les ont provoquées persistent, il est risqué qu’elles deviennent chroniques. C’est pour cela qu’il faut s’en soucier, dès leur apparition.
M.B. Le stress chez l’enfant, comme chez l’adulte, est multifactoriel et ce qupeut être problématique pour un enfant ne l’est pas pour l’autre. Dans mon livre Être Parent je donne une dizaine de méthodes. Mais le succès d’une méthode dépend beaucoup de l’habileté de l’adulte à reconnaître les signes, à identifier le problème, à écouter, à faire verbaliser, à supporter, à rassurer, à serrer dans ses bras et à démontrer son affection. Une fois identifiée, il faut ensuite s’attaquer à la source elle-même.
Développer parallèlement chez son enfant une bonne estime de lui-même en verbalisant notre satisfaction, en l’encourageant à utiliser des outils verbaux ou autres adéquats pour faire face à ses difficultés. J’irais jusqu’à dire que construire sa confiance en lui-même est plus important que supprimer les causes du stress.
Enfin, donner l’exemple. Pour aider un enfant stressé, il faut d’abord maîtriser sa propre anxiété. Les enfants apprennent par imitation. Garder son calme dans les situations urgentes et les difficultés.
M.B. Relâcher le contrôle à la maison. Certains parents sont vraiment «control freaks». Il est amusant de constater qu’en général, lorsque les parents relâchent le contrôle, l’atmosphère à la maison est beaucoup plus légère, plus sereine, plus détendue et les relations avec les enfants s’améliorent grandement.
Pousser les enfants ne donne guère de résultats et cela crée même un nouveau problème qui menace la relation. Il est beaucoup plus rentable d’accepter les enfants sans condition, de les soutenir, de les encourager, de récompenser leurs habiletés créatrices, leur confiance en eux-mêmes, leur maîtrise à résoudre les problèmes, leur sens des responsabilités, plutôt que de se centrer sur la performance à tout prix.
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