Peur de tout perdre, peur de l’avenir, peur de l’échec, peur de la critique, peur du rejet, peur de la solitude, peur de la maladie et de la mort, peur du vide existentiel, peur de perdre ses cheveux, peur de prendre du poids, peur de vieillir, peur du changement, peur du terrorisme, peur de l’autre et de la différence… On dirait, à entendre les conversations autour de soi et dans les médias, qu’il y a toujours une menace ou un danger qui nous guette, qu’il faut combattre ou fuir.
Bien sûr, des événements nous « tombent dessus » sans qu’on les ait cherchés: la mort d’un être cher, la maladie d’un enfant, un accident, un krach boursier, un tsunami… Mais ce dont je parle, ce sont ces craintes démesurées qui peuvent nous occuper l’esprit sans relâche et qui ne font qu’augmenter notre sentiment d’impuissance. Or, la peur est probablement le plus grand obstacle au développement de l’être humain.
À l’époque, pas tellement lointaine, ou I’être humain devait se défendre contre les éléments, les animaux féroces ou les bandits de grand chemin, nous avions sans doute des raisons d’avoir peur. Mais ces conditions n’existent pratiquement plus. Aujourd’hui, des mesures de toutes sortes sont là pour protéger l’individu et assurer sa subsistance et sa sécurité. Et pourtant, la peur est partout, habilement exploitée par des mouvements pseudo-religieux, par des entreprises de produits financiers avec leurs promesses illusoires de sécurité, par la publicité qui laisse entendre que la consommation et le divertissement vont nous aider à nous sentir mieux, par plusieurs politiciens dont le discours nous convainc de l’importance d’investir dans de l’équipement militaire (Le Canada, par exemple, a investi l’équivalent de 1,5 % de son PIB dans la défense en 2010-2011 – Le Canada parmi les champions des dépenses militaires ) et les peines de prison plus sévères (Deux milliards de plus par année pour les prisons).
Dans le grand livre de l’histoire, les dictatures en général et plusieurs gouvernements occidentaux en particulier ont tiré sur ces cordes qui alimentent chez les citoyens le besoin d’être sécurisés et surtout altèrent leur jugement critique, et donc leurs éventuels appels au changement. (…) La peur tue l’espoir et alimenterait même le conservatisme. C’est en tout cas ce qu’écrit le publicitaire français Christophe Lambert — aucun lien de parenté avec l’acteur — dans La Société de la peur (Plon), un essai publié au milieu de la dernière décennie d’angoisse et qui pourfend de manière convaincante la culture de la peur et ses effets délétères sur l’avancement d’une société qui peine alors à rêver son avenir. Avec, en toile de fond, un constat: inhibés par leurs peurs multiples, les citoyens refusent finalement de prendre le risque de changer les choses. La peur déprime, bloque et rend les environnements sociaux irréformables, ajoute-t-il. (1)
Les peurs sont aussi un filon payant pour certains médias qui ne se gênent pas pour les relayer et les entretenir.
L’industrie des médias pense de plus en plus que si l’actualité veut garder son public, qui veut avant tout être diverti, elle doit être présentée comme un événement sportif ou une sitcom. Ce qui fait les nouvelles, suivant ce critère, ce sont les mauvaises nouvelles – les conflits, les tragédies, les alliances secrètes, les scandales, la politique spectacle (comme les courses électorales, les personnalités et les ambitions des politiciens). La politique devient ainsi un jeu de cirque, un sport-spectacle, et plus du tout quelque chose dont les citoyens ont à se soucier. Dans cette perspective cyique chaque question politique, chaque problème de la communauté et de la nation n’est plus traité qu’en fonction de leur manière de s’intégrer dans les stratégies électorales des partis et des politiciens. »(2)
« Avec l’effet cumulé du cynisme, du règne des « experts », de la mise à l’écart des vrais problèmes et de l’avènement de l’info-spectacle, nous assistons tout simplement à une diminution de l’engagement et de l’implication des citoyens dans le bon fonctionnement de la démocratie. (3)
Or il ne faut pas être psychologue (même si je le suis) pour constater que ces états d’esprit malsains n’engendrent rien de bon, que ce soit pour l’individu ou pour la société. Non seulement sont-ils paralysants, mais on se demande parfois si on ne crée pas ce que l’on craint. À force d’entretenir des peurs, on risque fort d’attirer à soi ce qu’on redoute le plus. Comme l’écrivait le philosophe Alain: « Si je crois que je vais tomber, je tombe; si je crois que je ne puis rien, je ne puis rien. Si je crois que mon espérance me trompe, elle me trompe. » (4)
Mais le principe du On crée ce que l’on craint a cependant son pendant positif. En effet, ne pourrait-on pas attirer des évènements désirables en entretenant dans notre pensée et notre imagination l’image de leur réalisation? Quand on pense à notre propre avenir, comme individu et comme société, pourquoi ne pas se voir comme on voudrait être au lieu d’entretenir des pensées sur ce que l’on craint qu’il arrive? Quand on pense à son enfant, pourquoi ne pas le voir sain, fort, actif, généreux et remarquer davantage ses qualités et le coté positif de ses défauts? Quand l’étudiant passe un examen ou le finissant une entrevue, pourquoi ne pas entretenir dans ses pensées des images de réussite plutôt que la peur de l’échec? Quand on pense à son vieillissement, pourquoi ne pas entretenir l’image d’une vieillesse normale et épanouie?
Comme plusieurs autres athlètes, Sylvie Bernier, gagnante d’une médaille d’or en plongeon aux Jeux olympiques de Los Angeles, disait elle-même qu’elle repassait sans cesse devant ses yeux le plongeon qu’elle voulait faire et qu’elle se voyait médaillée d’or pendant son entraînement. Rappelez-vous cette chanson de Charles Aznavour : Je m’voyais déjà… en haut de l’affiche…
Plutôt que d’avoir peur d’être malade, pourquoi ne pas entretenir en soi des images de santé et rechercher la compagnie de gens sains? Plutôt que d’avoir peur de la solitude, pourquoi ne pas se voir heureux et de bonne humeur et rechercher la compagnie de gens heureux? Plutôt que d’avoir peur de l’échec, pourquoi ne pas reprendre contact avec l’énergie de ses rêves? Ce sont les grandes visions qui inspirent l’être humain. En ce faisant, on donne une direction vers laquelle on aura envie d’aller. Cessons d’avoir peur, rêvons grand et enthousiasmons-nous, au lieu de nous ratatiner et de nous enfermer en nous-mêmes.
Cela peut sembler simpliste et sans doute plus facile à dire qu’à faire. Mais quand notre scénario de vie est guidé par la seule peur, il faut en changer tout de suite et choisir un rôle plus intéressant dans le grand jeu de la vie. Plaçons dans notre esprit, nos pensées et notre imagination une image de ce que nous voulons devenir, comme individu ou comme société, et cultivons des états d’esprit aidants: voilà de bons antidotes à la peur. II en revient à chacun de soi de se vouloir du bien au lieu de craindre continuellement le pire. C’est une question de choix.
Et regardons autour de nous! Même si on ne les voit pas aux informations du soir, bien des mouvements, de nouvelles idées, des expressions créatrices, des réseaux souterrains et invisibles existent et jouent un rôle positif et capital pour notre avenir. Une des caractéristiques des gens heureux, c’est leur habileté à orienter leur attention sur le positif (voir Poser les bonnes questions pour être heureux).
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