Le monde du travail et la vie moderne conduisent fréquemment à cette situation difficile où une personne doit quitter son emploi pour une durée plus ou moins prolongée en raison d’un épuisement professionnel, communément appelé burnout, ou une dépression. Et à celle, non moins pénible, de la réinsertion dans le milieu du travail, où la maladie dépressive et le burnout sont encore trop souvent perçus comme des faiblesses, un manque de volonté, quand ce n’est pas de la complaisance.
De plus, les recherches tendent à démontrer que, plus l’absence est longue, plus la réintégration est difficile, parfois compromise. Peut-on se préparer à un retour au travail harmonieux? Bien sûr. Cependant, certaines conditions doivent être présentes, et une préparation adéquate pourra grandement faciliter les choses.
Tout d’abord, il est essentiel que la récupération physique soit complète. Le suivi médical est primordial. Il ne sert à rien de nier son état, ni de bousculer les choses. On doit prendre le temps, et faire confiance à son médecin. Ce qui veut dire se reposer, dormir, faire de l’exercice, prendre ses médicaments, s’il y a lieu, bien se nourrir, faire des choses pour soi, se permettre d’avoir du plaisir et être patient, ce qui peut être très difficile pour les personnes normalement actives, et encore plus pour les perfectionnistes…
L’activité physique, outre son effet pour restaurer l’énergie, peut constituer une source de valorisation intéressante quand il s’agit de retrouver une certaine estime personnelle. Mais, parallèlement à la récupération du corps, il est aussi essentiel, après un burnout, de faire le point sur le plan psychologique. Car il est à peu près certain que l’on risque la rechute, à plus ou moins long terme, si on retourne au travail sans avoir identifié les conditions personnelles et environnementales qui ont conduit au burnout et à l’épuisement de nos réserves d’énergie. Car, contrairement à la croyance souvent véhiculée, une personne épuisée n’en est pas une qui s’écoute trop, mais qui ne s’écoute pas assez, qui ne connaît pas ses limites.
Viser l’équilibre peut être une démarche complexe qui implique des changements. Certains peuvent peut-être y arriver seuls, mais ils ne sont pas si nombreux. Le recours à une personne-ressource en relation d’aide peut être précieux et favorisera une guérison durable. En effet, cette démarche offrira la possibilité d’une meilleure compréhension des facteurs relevant du tempérament, de la personnalité, des comportements qui ont conduit à l’effondrement des réserves d’énergie, tout comme de ceux qui relèvent de la surcharge de travail, du climat relationnel et de l’organisation, et de ceux qui concernent davantage la vie personnelle, conjugale et familiale.
Il est relativement complexe de démêler tout cela, et de faire la part des choses. Mais, pour ne pas avoir à revivre une telle expérience de burnout, il est fort avisé de connaître où l’on doit diriger et concentrer ses efforts. La démarche psychologique constitue un outil puissant pour développer un meilleur équilibre dans sa vie, valeur associée au fait d’être heureux.
Avoir plus d’équilibre dans sa vie signifie souvent des changements, de nouvelles habitudes et une certaine discipline. Tout cela est impossible sans une prise de conscience éclairée et une bonne motivation. Étant donné l’état de détérioration physique et psychologique de la personne dépressive, épuisée ou en burn-out, il est très aisé de comprendre combien ce soutien externe est souhaitable. De plus, le suivi psychologique va aider à prendre du recul face à la situation. On pourra mettre à profit les rencontres avec un thérapeute pour développer de nouveaux outils, par exemple apprendre à dire Non, et comment s’y prendre, apprendre également de nouvelles techniques pour se protéger du stress et surtout rebâtir son estime de soi.
Tout cela, on peut le concevoir, n’est ni facile, ni rapide. Mais c’est réaliste, sous le contrôle d’une personne et très faisable, en y mettant le temps et de la bonne volonté.
1- Quand arrive le temps de retourner au travail après un burnout, une bonne rencontre avec son supérieur pourra peut-être assurer une réinsertion personnalisée et viable pour tout le monde. Soulignons qu’il est utile de discuter ou d’évaluer si un reclassement pourrait être avantageux, tout comme un retour graduel. En effet, de plus en plus d’entreprises favorisent le retour progressif avec réévaluation périodique au besoin.
Il n’est pas nécessaire de raconter votre vie, de donner tous les détails de votre démarche thérapeutique, mais par contre une demande claire quant à vos véritables besoins a plus de chance de donner des résultats que le simple fait de s’en remettre au hasard. À toutes les étapes de la réinsertion, le suivi, le soutien des personnes ressources est important.
2- Arrive donc finalement le jour J, celui où vous devez retourner soit à votre ancien poste soit à un nouveau poste où vous avez été reclassé(e). Les préjugés, les vieilles croyances ont la vie dure. Il arrive souvent que vous viviez un malaise tout comme vos collègues qui peuvent éprouver une certaine gêne lors des premières rencontres. Que faire pour vous faciliter les choses?
Il est préférable d’aller spontanément vers vos collègues, même si vous pouvez être tenté de faire le contraire. Prenez de leurs nouvelles, intéressez-vous à eux, rétablissez les ponts. Il ne s’agit pas, bien sûr, de faire comme si vous ne vous étiez pas absenté(e), mais bien de retrouver les autres, tout comme de retrouver votre place. Vous pouvez aussi donner de vos propres nouvelles, et ouvrir un peu votre porte, dépendamment du confort que vous éprouvez à le faire. Mais il n’est pas nécessaire de s’épancher.
3- Il n’est pas inutile non plus de trouver du soutien à l’intérieur de votre milieu de travail. Il est très rare qu’on ne trouve pas dans chaque milieu de travail de ces aidants naturels, identifiés comme tels ou non, doués d’une bonne écoute, accueillants, respectueux et aimant spontanément les gens.
Si c’est le cas, n’hésitez pas à leur partager un peu de vos appréhensions et de vos états d’âme quant à la réinsertion. Qui sait si vous ne deviendrez pas aussi une ressource sinon une référence pour un ou une autre collègue qui aura un peu plus de difficulté dans sa vie professionnelle?
4- Bien sûr, nul n’a de contrôle sur les attitudes des autres. Le seul contrôle possible réside dans celui de vos propres états d’esprit, de vos propres émotions. Il ne sert donc à rien de se battre pour changer ce sur quoi vous n’avez pas de contrôle. Il est beaucoup plus efficace et rentable de développer vos propres outils de gestion des émotions
5- Dans certains milieux de travail, l’accueil d’une personne qui revient après un burnout pourra aller de l’acceptation inconditionnelle jusqu’au rejet absolu. Il vaut mieux que vous en soyez informé et que vous vous y prépariez, sans pour autant tellement anticiper les difficultés que vous risquez de les provoquer par trop de méfiance.
Il est très possible de désamorcer chez autrui un discours visant à culpabiliser, à juger, voire à manipuler. Prenez la décision de ne pas adopter une conduite défensive, de ne pas chercher à vous justifier ou à donner des explications. Il s’agit de déstabiliser l’autre personne, qui elle est préparée à argumenter.
On peut, par exemple, répondre à des remarques tendancieuses par des formules comme: C’est une façon de voir… C’est votre interprétation … Vous avez le droit de le penser… J’ai une opinion différente… C’est possible pour vous… Cela peut arriver… C’est votre point de vue…
Il s’agit d’une technique d’auto-défense qui ressemble étrangement à celle utilisée dans les arts martiaux. Habituellement un agresseur s’attend à de la résistance. Il s’y prépare et est toujours en attente de la contre-attaque. Devant quelqu’un qui ne résiste pas, il perd à coup sûr ses moyens.
Une fois passés les premiers jours du retour au travail, il ne faut surtout pas revenir aux anciennes habitudes qui ont conduit au burnout, mais maintenir le cap sur ses nouveaux objectifs. Tous les changements décidés pour maintenir un bon équilibre, une bonne santé doivent maintenant être appliqués, ce qui signifie vigilance, affirmation de soi et discipline.
Rappelons sept conseils simples pour conserver une bonne estime de soi, condition essentielle d’une bonne santé mentale (tirés de The ten commandments of Self-Esteem de Catherine Cardinal, publié chez Andrews McMell Publishing,1998).
S’assurer d’avoir bien compris les raisons qui ont mené au burn-out est essentiel. Prendre le temps nécessaire pour refaire son énergie et soigner son corps l’est tout autant.
S’entourer de toute l’aide nécessaire et poser ses exigences lorsque l’on se connaît mieux est un acte de prévention qui tiendra loin toute récidive.
Travailler jour après jour à garder une bonne estime de soi est une sorte de passeport pour le mieux-être.
Et surtout, il faut rester vigilant à tous les signes physiques comme psychologiques qui sont autant de lumières rouges invitant à agir avant qu’il ne soit trop tard.
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