Lâcher-prise

Entrer dans le flow pour mieux apprécier la vie

En psychologie positive, le flow (littéralement flux en anglais), ou la zone, est un état mental atteint par une personne lorsqu’elle est complètement plongée dans une activité, et se trouve dans un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans son accomplissement. Fondamentalement, le flow se caractérise par l’absorption totale d’une personne dans son occupation (source Wikipedia).

Il est impossible de profiter d’une partie de tennis, d’un livre ou d’une conversation à moins que notre attention soit entièrement concentrée sur cette activité. Mihaly Csikszentmihalyi

Vous est-il déjà arrivé d’être tellement plongé dans ce que vous faites que plus rien d’autre n’existe? Par exemple, en faisant de la poterie, du vitrail ou de la musique, en cuisinant, en dansant, en bricolant ou en jardinant, en descendant des pentes à ski, en faisant de l’escalade, de la randonnée, en jouant au tennis, en lisant un bon livre, en tricotant ou en roulant en voiture dans des routes en lacets ou en jouant avec un enfant. Vous étiez alors si engagé dans cette activité, pour le simple plaisir de l’expérience, que vous n’étiez plus conscient de vous-même ni du temps qui passe: vous étiez dans le flow.

Dans les sondages, environ 20% des personnes interrogées disent vivre ce type d’expérience, certaines même plusieurs fois par jour, alors que 15% répondent ne jamais en vivre.

Être dans le flow

Les athlètes réfèrent souvent à cela en disant qu’ils sont dans la zone; les artistes vont parler eux d’extase esthétique; Mihaly Csikszentmihalyi, psychologue hongrois et aujourd’hui professeur de psychologie à la Claremont Graduats University en Californie, a quant à lui parlé de flow (flux en français) pour décrire cet état d’intense absorption. On pourrait dire du flow qu’il s’agit de pleine conscience active et engagée.

C’est l’état qui est le mien quand je pratique la voile, par exemple. Toute mon attention est absorbée dans le moment présent, sur ce qui est. Mes yeux regardent devant et autour, observent l’eau, les vagues, le gonflement des voiles. J’écoute les bruits sur la coque, je sens le vent sur ma peau. Je suis attentif aux mouvements de l’embarcation et perçois immédiatement le moindre déséquilibre. Je suis présent totalement à mon expérience, sans distraction, avec une intention bien claire: avoir du plaisir et profiter au maximum des éléments.

Le but est l’activité comme telle. Et, comme dans la pleine conscience, je ne juge pas ce qui se présente et ne me raconte pas d’histoire. Si je commence à évaluer et à analyser chacune de mes décisions, à me comparer aux autres marins d’eau douce, à me demander si j’aurais dû… s’il n’aurait pas été mieux de… alors je ne suis plus présent à ce qui est, ici et maintenant, dans mon environnement. Si je pars dans ma tête et songe à mes préoccupations, à hier, à mes rendez-vous de demain, si je suis distrait, je n’ai plus cette qualité de l’attention de la pleine conscience qui permet de vivre la richesse et la plénitude du moment.

Sept caractéristiques du flow

Csikszentmihalyi (prononcez chique-sainte-mihaï), qu’on décrit comme le plus grand chercheur au monde sur la psychologie positive, a montré que les expériences de flow ont plusieurs caractéristiques communes:

1-  La personne est active et s’engage dans l’activité. Il est très rare d’éprouver le flow dans des activités de loisirs passives comme l’écoute de la télévision.

2- La personne est concentrée sur des buts à atteindre qui sont clairs, compatibles avec elle (si elle n’aime pas la voile, ce n’est pas là qu’elle vivra du flow) et qui offrent un feed-back immédiat.

3- Bien qu’elle soit orientée vers un but ultime, celui-ci n’est pas la motivation première. Au contraire, l’activité en elle-même est gratifiante. Par exemple, quelqu’un peut vouloir tricoter une veste (but ultime), mais tirer un grand plaisir au fait de s’asseoir pour tricoter et maîtriser de nouveaux points.

4- De plus, dans le flow, les habiletés de la personne sont toutes mobilisées pour relever un défi qui est faisable ou raisonnable, donc ni trop facile ni trop difficile. Il doit y avoir un équilibre entre le défi de l’activité et la compétence que l’on a pour l’accomplir. Jouer au jeu Serpents et Échelles ne mobilisera pas de compétence réelle chez l’adulte et ne sera pas susceptible de favoriser le flow. Peut-être vaudrait-il mieux jouer aux échecs ou passer au niveau supérieur à un jeu vidéo déjà partiellement maîtrisé. En d’autres termes, si votre compétence est élevée, mais que le défi est faible, c’est l’ennui garanti. Si la compétence est faible et le défi trop élevé, il n’y aura pas de plaisir.

5- Dans le flow, non seulement perd-on la notion du temps, mais on a souvent l’impression de ne pas faire d’efforts et on souhaite renouveler l’expérience dans laquelle on est impliqué.

6- Une personne qui vit une expérience de flow n’est pas consciente d’elle-même et ne passe pas son temps à se demander ce que diront les autres ou comment ses actions seront perçues. Si elle est consciente d’elle-même, c’est en lien direct avec l’activité comme telle: par exemple, la position de son corps sur la piste de ski, la position de ses doigts sur le piano, etc.

7- Enfin, toute à son activité, la personne n’est pas interrompue par des pensées étrangères.

Lien entre flow et lâcher-prise

Le lien avec le lâcher-prise est évident: quand vous vous engagez activement dans une activité que vous aimez et qui est susceptible d’entraîner des expériences de flow, vous changez complètement votre focus de place, vous cessez de penser à vous-même, à vos préoccupations, vous arrêtez de ruminer sur ce que vous ne pouvez pas contrôler et vous modifiez pour le mieux votre état d’esprit. Et quand votre état d’esprit est plus positif, vous ne voyez plus les choses de la même manière.

LIRE AUSSI : Attention (focus) et bien-être

Et même si vous ne vivez pas souvent ce type d’expérience, la bonne nouvelle c’est que vous pouvez en augmenter la fréquence et profiter de ses avantages, même si cela demande, bien sûr, un minimum d’implication. Le flow ne se force pas, mais vous pouvez augmenter les probabilités qu’il se produise plus souvent. Voici d’ailleurs un exercice pour en augmenter l’occurrence.

Pensez à une activité dans laquelle vous vous sentez relativement compétent, que vous avez plaisir à faire. Demandez-vous comment vous pourriez faire cette activité en sortant un peu de votre zone de confort, mais pas trop non plus. Nous l’avons dit, si vous entreprenez une activité qui est bien en deçà de vos compétences, vous allez vous ennuyer. Inversement, si l’activité est trop au-delà de vos compétences, le déplaisir va l’emporter. Par exemple, trouvez un sentier de randonnée un peu plus difficile, jouez un morceau de musique plus complexe, conduisez votre auto en terrain inconnu, apprenez le bridge, etc.

Un dernier conseil

Comme le dit le psychologue hongrois, «si on n’a pas réussi à développer sa curiosité dans son enfance, n’est-ce pas une bonne idée de la développer maintenant, avant qu’il ne soit trop tard, pour améliorer la qualité de sa vie?»  Et il suggère de transférer, chaque jour, une partie de notre énergie psychique des tâches que nous n’aimons pas faire ou de loisirs passifs vers quelque chose que nous n’avons jamais fait auparavant ou que nous aimons faire. «Il y a littéralement des millions de choses à voir, à faire et à apprendre dans le monde. Mais elles ne deviennent intéressantes que si nous leur portons attention.»

Marc Vachon, m.ps.

Marc Vachon est passionné par la recherche de moyens pratiques pour être heureux et traverser activement les changements. Il a œuvré comme enseignant, psychologue, conférencier et formateur. Il est l'auteur de Oser changer. Mettre le cap sur ses rêves et de Lacher prise. Prendre de l’altitude.

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