Les meilleures choses de la vie vous attendent souvent à la sortie de votre zone de confort. Karen Salmansohn
Pour introduire des changements dans sa vie, pour réaliser des rêves ou tout simplement pour faire de nouveaux apprentissages, il faut parfois nous affranchir de notre zone de confort qui peut inhiber notre aptitude à aller de l’avant et à satisfaire d’autres besoins fondamentaux. C’est la même chose quand le changement est imposé, que ce soit en raison d’une maladie, du départ d’un être cher, de la retraite, d’un déménagement, d’une réaffectation professionnelle ou que sais-je encore. Là aussi, nous devons quitter notre zone de confort et de sécurité, changer des façons habituelles de faire, des comportements et parfois même des manières de penser.
La zone de confort
Chacun de nous possède des normes de fonctionnement et de performance qui lui sont coutumières, une zone de confort qui lui procure sécurité et tranquillité d’esprit. Nous avons besoin que les choses, les gens, le travail par exemple aient une certaine stabilité, que les choses ne changent pas trop. Nous avons également besoin de cohérence, de savoir à quoi nous en tenir. En fait, le confort est un des besoins fondamentaux de l’être humain et c’est à partir de cette zone qu’il peut explorer l’inconnu.
Quand des changements importants surviennent, que ce soit dans notre vie personnelle ou professionnelle, c’est cette zone de confort qui est menacée. Rappelez-vous quand vous avez commencé dans un nouvel endroit de travail, dans un nouveau poste. Vous étiez d’abord plus ou moins à l’aise avec la tâche, avec l’environnement de travail, avec les gens que vous ne connaissiez pas encore. Cette période est toujours un peu plus stressante d’ailleurs. Puis, après un certain temps, vous avez développé vos habiletés, vous avez rétabli votre zone de confort et votre routine.
Puis est peut-être venu un moment où cet état n’offrait plus autant de joie et de satisfaction que vous le souhaitiez. Pour beaucoup de gens, quand la routine s’installe, c’est l’ennui. L’être humain a en effet besoin de nouveauté, de surprise, de diversité, de développer de nouvelles habiletés, de relever de nouveaux défis.
Changer, c’est aussi renoncer
Même quand la situation actuelle ne nous satisfait plus ou qu’elle est carrément souffrante, même quand notre appétit de connaissances et notre désir d’évoluer se manifestent avec vigueur, changer oblige à des renoncements, à lâcher-prise et à faire des deuils. Le deuil de notre confort, bien sûr, et plus spécifiquement le deuil d’habitudes, de stratégies avec lesquelles nous étions à l’aise, de comportements qui étaient appropriées, mais qui ne le sont plus. Et vous savez-tous à quel point une habitude peut être difficile à changer.
Ce n’est pas pour rien que la résistance s’installe quand on veut changer ou qu’on doit le faire. Vous comprenez déjà que la résistance est normale. Et que ce qui ne l’est pas, c’est de résister tout le temps, d’en faire une position de vie.
Le prix du confort: l’atrophie
Mais il y a un prix à payer aussi quand on veut à tout prix préserver cette zone de confort: on s’affaiblit. C’est peut-être plus facile à comprendre au niveau physique. En effet, quand on n’exerce plus ses muscles, ils s’atrophient. C’est la même chose au niveau psychologique, social et même spirituel. On s’affaiblit quand on se prive de nouvelles expériences, de nouvelles rencontres, de nouveaux apprentissages. La question qu’on peut parfois se poser, c’est: suis-je vraiment heureux, ou seulement confortable?
Inversement, on se renforce quand on va un peu plus loin que ses limites habituelles. Et pour arriver à faire ça, il faut être capable de supporter l’inconfort à court terme, de vaincre la crainte, l’insécurité ou la paresse.
Le confort: un besoin parmi d’autres
Rester dans sa zone de confort peut paradoxalement finir par nous rendre inconfortable. Si mes muscles s’atrophient et que je manque de vitalité, si je m’ennuie, si ma vie est plate et sans variété, si je souffre de solitude, si je me sens inutile, sans valeur ou si ma vie n’a pas de sens, il se peut que cela soit assez souffrant pour que je veuille en sortir. Le confort est un besoin fondamental de l’être humain. Mais, pour être heureux, il a aussi besoin de nouveauté et de surprises, de reconnaissance et de valorisation, de communication et de relations, de contribuer pour servir à quelque chose au-delà de lui-même, et de sens.
Et il est toujours dommage (cela nous guette tous) que le désir de confort vienne phagocyter toute l’énergie qu’on pourrait mettre à satisfaire nos autres besoins. Mihály Csíkszentmihályi, psychologue hongrois qui a identifié le concept de flow, écrit : «À long terme, nos meilleurs moments arrivent habituellement quand notre esprit ou notre corps repousse ses limites dans un effort volontaire pour accomplir quelque chose de difficile, mais qui a de la valeur, du sens».
Voilà le mot essentiel: le sens. On va plus facilement vouloir se développer et vaincre la peur de perdre ses repères si cela a du sens pour soi. Mais quand prenons-nous le temps de nous interroger sur le sens qu’on veut donner à sa vie, sur sa mission en fin de compte?
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Zone de confort versus récupération
Est-ce qu’on peut trop sortir de sa zone de confort? Bien sûr que oui. S’il y a un danger de ne pas assez pousser ses limites, il y en a aussi à trop s’entraîner, à trop dépenser son énergie, à trop performer. La récupération est nécessaire pour maintenir une performance élevée. On s’engage, mais il faut également se désengager. On sprinte, mais on se repose ensuite. On se pousse au-delà de ses limites, on sort de sa zone de confort pour augmenter ses capacités, mais on récupère ensuite.
Plusieurs sont hostiles au repos, à la récupération et au renouvellement de leurs énergies et considèrent cela comme un signe de faiblesse.
Prendre une pause dans une réunion, s’arrêter, relaxer, sans téléphone ou ordinateur, pour lire, écouter de la musique, tricoter, méditer, jaser avec des collègues, faire de la photo ou de la poterie, sans pression. Tout cela est vital pour pouvoir relever de nouveaux défis, grandir, apprendre, créer et actualiser cette incroyable force de croissance que nous portons en chacun de nous depuis notre naissance.
Zone de panique et zone magique
En terminant, voici une vidéo qui explique très bien ces tensions entre zone de confort et zone d’apprentissage et ajoute deux nouvelles zones.
La zone de panique dans laquelle se trouvent les personnes qui nous entourent qui veulent nous préserver, nous prévenir de l’échec.
La zone magique, celle des grands défis, des apprentissages, des découvertes et de l’actualisation.