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La communication, Rapports humains, Stress

Manipulation psychologique: pourquoi on se laisse faire?

Marc Vachon, m.ps.

Vous cherchez une définition simple de la manipulation psychologique?  Être manipulé, c’est être l’objet d’une manœuvre, volontaire ou non, faite par une autre personne pour que vous fassiez quelque chose que vous ne voulez pas nécessairement faire, donc pour modifier votre comportement, sans que vous vous en aperceviez.

Que ce soit au bureau avec vos collègues de travail ou vos supérieurs, dans votre famille avec vos proches, au magasin avec un vendeur ou par le biais des médias, vous sentez-vous parfois pris au piège de la manipulation psychologique, avec tous les effets néfastes que cela implique sur la relation et sur votre estime de vous-même? Voici quelques repères pour la reconnaître et éventuellement vous en préserver.

Au delà de la définition de la manipulation psychologique

Retenez qu’un véritable contact se fait dans la confiance et l’intimité entre deux personnes. Alors que la manipulation psychologique ou mentale est une relation à distance entre une personne qui se retire du contact et une autre personne qu’elle considère davantage comme une chose.

Dès lors, les manœuvres manipulatrices créent inévitablement une perte du contact. En fait, la personne manipulatrice ne cherche pas une relation véritable, parce qu’elle a peur de s’exposer, d’être vulnérable ou d’être jugée. Un rapport véritable implique un risque, ce qu’il ne veut pas courir. Il choisit au contraire de contrôler ceux qui l’entourent.

Quelques exemples de manipulation

  1. Vous voulez exprimer un besoin ou vous avez une récrimination à faire à votre supérieur, mais il réagit tout de suite en disant que si vous n’êtes pas content, il peut mettre quelqu’un d’autre à votre place, que bien des gens seraient contents d’avoir le poste que vous occupez. Sous ces menaces à peine voilées, vous décidez de vous taire.
  2. Au supermarché, votre enfant hurle pour que vous le fassiez monter dans le panier roulant, malgré votre interdiction. De guerre lasse, devant les regards réprobateurs des autres clients qui se demandent pourquoi vous torturez ainsi votre enfant, vous lui accordez ce qu’il demande.
  3. Vous appelez un de vos parents pour prendre de ses nouvelles. Malgré vos visites récentes, il se plaint de sa solitude, mentionne que la voisine reçoit la visite de ses enfants, elle, allant même jusqu’à sous-entendre que tout le monde serait bien mieux s’il n’était plus là… Vous aviez une bonne intention au départ, mais en raccrochant, vous vous sentez mal, coupable, et décidez d’aller le voir le soir même ou le lendemain, mettant de côté une autre de vos obligations.

Comme vous le voyez, dans tous ces exemples, vous êtes manipulé à différents degrés. Une autre personne réussit, volontairement ou non, consciemment ou pas, à vous influencer pour que vous agissiez d’une façon qui réponde à ses besoins et non aux vôtres, parfois d’une manière détournée, et ce au détriment du contact réel entre vous et elle.

Pourquoi est-on vulnérable à la manipulation psychologique?

Ce n’est pas tout de connaître la définition de la manipulation psychologique, encore faut-il découvrir les raisons de notre vulnérabilité à la manipulation. Bien sûr, elles sont multiples et différentes d’une personne à l’autre. De façon générale, un premier grand groupe d’explications tient à la motivation et à ses deux grandes forces: l’évitement de la souffrance et la recherche du plaisir.

Ainsi, une personne manipulatrice peut vous motiver à faire ce qu’elle veut parce qu’elle touche chez-vous une corde sensible et provoque un malaise ou une émotion que vous ne voulez pas ressentir. Personne n’aime souffrir et ressentir de la culpabilité, de la peur, de l’insécurité, de l’impuissance, du doute, etc. Alors, vous êtes dans ce cas manipulé parce que vous voulez éviter une souffrance.

Lorsque votre image de vous-même est quelque peu défaillante, en d’autres termes lorsque vous n’êtes pas sûr de vous, de ce que vous êtes vraiment, de ce que vous voulez, la manipulation peut plus facilement provoquer en vous le doute, la culpabilité. Par exemple, quelqu’un boude parce que vous avez dit ou fait quelque chose. Pour éviter la culpabilité, vous dites que vous ne le pensiez pas vraiment plutôt que d’endurer cette bouderie (qui est une forme d’agressivité passive). L’exemple numéro 3 plus haut en est une bonne illustration.

Par ailleurs, la tactique de manipulation peut aussi toucher une de vos peurs, comme celle d’être jugé. Personne n’aime se faire reprocher d’être égoïste, incompétent, ingrat ou inhumain. Cela peut aussi être la peur de blesser, de ne pas être aimé ou celle de perdre un avantage, de perdre l’affection, le respect, un avantage matériel ou même votre emploi. Voyez l’exemple no 2.

Ou encore, la personne manipulatrice peut contrôler votre comportement en vous faisant miroiter l’espoir d’un gain quelconque. Elle vous fera espérer un avantage affectif, de l’attention, de la reconnaissance, du statut, de l’amour même ou un avantage matériel comme de l’avancement professionnel, la possibilité d’atteindre plus facilement vos buts, d’obtenir des résultats, des récompenses tangibles. Vous êtes ici dans l’autre grande force de la motivation: la recherche du plaisir.

Bien sûr, les deux types de motivation peuvent coexister chez chacun d’entre nous, selon les contextes. Cependant, vous possédez probablement une stratégie qui prédomine sur l’autre, une sorte de programme mental qui vient influencer votre action, peu importe les décisions que vous avez à prendre. Certains sont davantage motivés par le bâton, par l’évitement; pour d’autres, c’est la perspective d’un gain qui les motive à agir. Reconnaître cette tendance fondamentale chez vous vous aidera peut-être à comprendre comment vous en venez à être manipulé et éventuellement à reprendre le contrôle.

Un exercice

  • Je vous invite à penser à une situation précise dans le passé où vous avez eu le sentiment de vous être fait avoir, d’être manipulé.
  • Demandez-vous ensuite pourquoi vous vous êtes laissé faire?
  • Était-ce pour éviter un malaise? Si oui, lequel? Par exemple, sortir d’une émotion désagréable (le doute, la peur, la culpabilité…), éviter des représailles, ne pas perdre quelque chose, etc.
  • Était-ce dans l’espoir d’un avantage, d’un gain? Si oui, lequel? Attention, amour, reconnaissance, statut, avancement, etc.
  • Était-ce un mélange des deux forces? Précisez.

Vous faites déjà un premier grand pas pour sortir du cercle vicieux de la manipulation quand vous cherchez et trouvez ce que vous voulez éviter et/ou ce que vous avez à gagner à vous laisser faire.

En terminant

Que votre motivation soit de l’ordre de l’évitement d’un malaise, d’une émotion désagréable ou d’une conséquence négative ou de l’ordre de l’espoir d’un gain, il reste que la manipulation opère moins chez les personnes qui tolèrent l’inconfort ou le malaise.

Par contre, la personne qui ne le tolère pas longtemps le malaise va réagir plus rapidement et sera plus facile à manipuler. Par exemple, elle cédera plus rapidement au chantage de son enfant qui hurle plutôt que d’endurer ses pleurs. (Comprenez bien qu’il y a toutefois un âge où il faut vraiment répondre aux pleurs de son enfant). Elle se laissera séduire plus rapidement par la personne qui use de ses charmes pour désarmer sa colère (comme dans l’exemple no 1), plutôt que de se sentir odieuse d’être en colère. Elle pliera devant la menace pour éviter de ressentir la peur ou pour acheter la paix.

Pour connaître la stratégie de motivation que vous privilégiez, les avantages et inconvénients de chacune, vos seuils, je vous réfère au chapitre 5 (Apprendre à se motiver – p. 89) de mon livre Oser changer: mettre le cap sur ses rêves où j’ai abondamment traité de ce thème.

Pour aller plus loin

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