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Lâcher-prise, Le changement

Résistance au changement et lâcher-prise

Marc Vachon, m.ps.

On parle beaucoup de résistance au changement qu’on oppose au lâcher-prise. Mais qu’est-ce que la résistance? Voilà un mot qui recouvre plusieurs réalités qu’il est intéressant de connaître pour comprendre ce qui est au cœur de ce mécanisme de survie. Dans quelles circonstances la résistance est-elle bonne ou mauvaise? Voilà donc ce à quoi j’aimerais m’attarder dans cet article.

Qu’est-ce que la résistance?

Ce mot est utilisé dans plusieurs domaines, mais il exprime toujours un peu les mêmes choses. En médecine, on dira que des microorganismes, des bactéries par exemple, sont résistantes parce qu’elles sont capables de s’opposer à l’effet d’un médicament, un vaccin, qui devrait normalement les détruire ou les empêcher de se multiplier.

En électricité, le terme résistance désigne, entre autre, l’aptitude d’un matériau conducteur à ralentir le passage du courant électrique. L’eau présente aussi de la résistance: si vous voulez courir à contre-courant dans une piscine, vous devrez déployer beaucoup d’énergie pour contrer sa résistance. De même, l’avion devra combattre la résistance de la gravité pour décoller.

On dira qu’une personne est en santé physique et forte parce qu’elle résiste sans dommage à une agression physique ou qu’elle accomplit un exploit qui défie les forces de la nature. En sociologie, on parlera de résistance des groupes qui se dressent contre l’oppression morale et physique et contestent une situation illégitime.

Et finalement, en psychologie, une personne résiste quand elle refuse ce qui se passe à l’intérieur d’elle ou à l’extérieur, quand elle lutte contre elle-même ou les autres, quand elle nie ce qui est.

S’opposer, ralentir, contrer, défier, se dresser, contester, refuser, lutter, nier… Comme vous le constatez, la résistance implique un mouvement pour annuler, diminuer l’effet d’un autre mouvement ou d’une force ou d’une action. Le mot «résister» vient d’ailleurs de «resistere», verbe latin qui signifie empêcher, s’opposer à quelqu’un ou quelque chose.

C’est ce mouvement de résistance qui s’opère quand, dans mon milieu de travail, je m’oppose à un changement qui m’oblige à modifier mes façons habituelles de travailler. Ou quand la venue d’un enfant me force à modifier mes habitudes de vie. Ou quand un changement d’emploi m’amène à quitter des collègues de travail ou que la réalisation d’un rêve que je caresse me force à changer de ville, de pays, laissant derrière moi mon confort.

C’est cette même résistance que je vis quand un deuil me force à vivre la douleur de la séparation d’avec un être cher. Ou quand un événement fâcheux vient contrecarrer le déroulement d’un voyage, qu’une personne émet une opinion contraire à la mienne ou se comporte d’une manière qui contrarie une de mes valeurs…

Les exemples de résistance psychologique pourraient se multiplier à l’infini, mais vous comprenez mon propos: la résistance psychologique est une réaction pour s’opposer à ce qui arrive, à ce qui se passe à l’intérieur de moi ou à l’extérieur, pour lutter contre soi ou les autres, pour refuser ce qui est.

La résistance au changement est normale

La résistance au changement est un mécanisme d’adaptation profondément ancré dans notre cerveau qui nous porte à vouloir fuir ou éviter les situations ou les émotions potentiellement ou réellement souffrantes, inconfortables, menaçantes et qui troublent ou peuvent troubler notre confort, notre sécurité, nos croyances, nos valeurs, nos besoins, notre équilibre.

Comme tous les êtres vivants recherchent le plaisir et veulent éviter la souffrance, la résistance au changement est universelle, inévitable: c’est une stratégie de survie. Et notre cerveau va toujours réagir pour nous éviter une souffrance réelle comme anticipée ou imaginée. Voilà pourquoi nous résistons quand nous voulons changer des habitudes alimentaires, quand nous souhaitons nous mettre au travail pour avancer dans un projet, pour pratiquer la méditation, l’entraînement physique. Voilà pourquoi la résistance se manifeste aussi quand vient le temps d’accepter une situation nouvelle, un changement au travail, une contrariété, une séparation, un chagrin, etc.

Vous comprenez déjà que la résistance est normale. Ce qui ne l’est pas, c’est de résister tout le temps, d’en faire une position de vie.

En gros, nous pourrions dire que lorsque nous éprouvons des émotions positives, l’énergie circule naturellement et aisément et nous fonctionnons à notre meilleur. Quand nous résistons, quand nous éprouvons des émotions négatives, le flot de notre énergie est endigué, freiné voire bloqué.

Ma vie comme rivière ou le lâcher-prise

Le mouvement de la vie en nous est comme l’eau qui circule dans une rivière. Quand on se sent bien, physiquement et psychologiquement, rien n’arrête le courant et l’eau circule sans entrave, librement, aisément. C’est entre autre la sensation qui accompagne le lâcher-prise.

Inévitablement, l’eau rencontre des obstacles, ces contrariétés qui ne manquent pas de se présenter dans nos journées. Certaines sont plus petites, d’autres plus grandes et elles sont comme ces pierres ou ces arbres que la rivière rencontre sur son parcours. Mais l’eau trouve toujours son chemin, contournant l’obstacle.

Dans notre vie aussi, nous rencontrons des obstacles plus moins grands qui ralentissent le flot de notre énergie. Mais la comparaison avec la rivière a ses limites. En effet, nous avons plusieurs manières d’entraver notre expression créatrice et d’empêcher notre vie de trouver son chemin, en un mot de résister.

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Exagérer les difficultés qui se présentent, raconter à leur propos des histoires (on aime tellement les histoires) qui font qu’on les perçoit beaucoup plus grandes qu’elles ne le sont. Anticiper aussi l’importance des obstacles avant même qu’ils n’apparaissent et paralyser ainsi nos actions. Passer beaucoup de temps à revivre des épreuves du passé, entretenir des souvenirs pénibles, ressasser sans arrêt et à vide les mêmes expériences négatives, comme si nous tentions de faire aller la vie à contre-courant.

Le comble de la résistance, c’est quand nous érigeons des barrages, cherchant à tout contrôler, croyant à tort empêcher la souffrance. Nous nous immobilisons pour nous protéger, bien sûr, pour éviter les écueils à venir. Mais en refusant jusqu’à la possibilité de nous exposer à de nouveaux heurts comme ceux qui nous ont fait mal, notre vie stagne, vivote, piétine et passe…

La résistance, c’est tout cela: une tentative d’aller à l’encontre de ce qui est, de geler la vie, de fuir la réalité de la souffrance.

La résistance au changement: bonne ou mauvaise?

Si on prend au pied de la lettre la précédente métaphore, on pourrait dire que la résistance au changement est mauvaise. Personnellement, je crois qu’elle n’est ni bonne ni mauvaise, elle est tout simplement. Et, nous l’avons déjà dit, la résistance est une réaction profondément ancrée de notre cerveau pour assurer notre survie et nous empêcher de souffrir.

Mais plutôt que de se poser la question de cette façon, peut-être vaudrait-il mieux se demander: jusqu’où suis-je prêt à aller pour empêcher ma vie de s’exprimer? Jusqu’à quel point suis-je disposé à geler mon existence, à l’empêcher de se déployer, à l’étouffer et à me rendre malade physiquement et psychologiquement, m’empêchant ainsi d’en récolter les fruits?

Somme toute, qu’est-ce que je souhaite? Pouvoir exprimer librement, joyeusement, dynamiquement tout le souffle de mon âme, ou vivre au quart, à la moitié ou au centième de mon potentiel. Est-ce que la souffrance à long terme ne sera pas pire que celle que je veux éviter?

Esther Hicks compare notre état naturel à celui d’un bouchon de liège dont la nature est de flotter sur l’eau. Quand on résiste, c’est comme si on tirait le bouchon sous l’eau et qu’on l’y maintenait de force. Quand on lâche prise, on lui permet de remonter à la surface et de révéler sa nature. Alors, selon vous, la résistance est-elle bonne ou mauvaise?

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