Je vous partage ici une partie de mon parcours, lequel a bifurqué considérablement le 1er janvier 2012 avec notre expatriation en Californie. Jenny Beaudoin
C'est absurde comment l'idée de changer de route peut parfois être paralysante et que, d'une journée à l'autre, nous avons tous été forcés de changer notre quotidien.
De nature plutôt renfermée, avec une routine (ceux qui prévoient tout aux 30 secondes près, c'est moi), qui suit les règles, qui n'ose surtout pas sortir de sa zone de confort, qui ne veut pas déplaire, qui prend des décisions surtout guidées par la peur ou l'inquiétude plutôt que par goût de l'aventure ou par intérêt personnel. C'est comme ça que je décrirais l'ancienne Jenny. Ancienne, oui, parce que depuis quelque années, ça tend à changer.
Expatriation en Californie
Il y a 10 ans donc, je quittais Québec avec mon conjoint et nos filles (2 et 5 ans) pour le sud de la Californie. Chambouler nos vies à ce point, mais sans en être totalement consciente. La peur au ventre, les larmes aux yeux, ça m'a pris des mois à me faire à l'idée que nous allions quitter la famille, les amis, la maison et ma carrière qui prenait son envol.
Rien ne m'était imposé, mais j'ai fait ce changement avec beaucoup de peurs. J'avais peur d'empêcher mon chum de réaliser son projet, peur de manquer une belle occasion, peur de dire oui pour les mauvaises raisons, peur de sortir nos enfants de leur routine, de les séparer de leur famille, etc. Je m'en mettais beaucoup sur les épaules et nous n'étions pas encore partis. Ce n'est qu'une partie des deuils que nous avons eu à faire.
Les gens me disaient : «Wow, ça prend du courage pour faire ça.» «C'est génial ce que vous faites et ferez vivre à vos enfants.» Alors que, honnêtement, je n'avais pas ce regard sur la situation parce que c'était l'état de crise ici. La réaction de mes enfants était plutôt une raison au quotidien de me dire: «Pourquoi je suis ici?». L'incompréhension de ma plus grande sortait à grands coups dans les murs de sa chambre et ma plus jeune voulait toujours être dans mes bras.
Oser quitter son confort
Après quelques mois, avec le soutien de mon conjoint, cette persévérance commence à porter fruit. Ça va mieux et la vie suit son cours, avec le bon et le moins bon. Ce n'est qu'après une grande introspection que j'ai compris le courage et la capacité d'adaptation que ça demandait, le cran d'oser quitter notre confort, oser tout quitter, vers une nouvelle vie. Nous ne savions pas ce qui nous attendait, mais nous l'avons fait, nous avons changé de vie, tout simplement.
Alors que je prévoyais plein de scénarios qui pourraient nous faire regretter, mon conjoint m'a dit : «Rien ne nous attache là-bas. Si nous ne sommes pas heureux, nous revenons, c'est tout.» Tellement simple et vrai. Pourquoi essayer de tout prévoir alors que généralement, ce sont des scénarios négatifs qui n'arrivent pas. Oser, juste oser... Ensuite, le plan, on l'adapte.
Et si ça ne se passe pas comme prévu? Et bien non, ça n'ira pas comme vous pensez. Inévitablement, il y aura des différences, de grosses différences. Ce qui est génial, c'est que ce n'est pas tout négatif. Ayez confiance en la vie, en vous, en votre jugement. Nous devons accepter les conséquences de nos choix, mais ce n'est pas que du négatif. Ne perdez pas trop de temps, il est si précieux, à vous questionner sur le meilleur chemin à prendre. Soyez dans l'action. Osez changer!
Ce que j'ai appris?
J'ai appris à être plus indulgente envers moi-même. Plus tolérante, plus douce. Ça me permet de lâcher prise plus facilement quand j'ai des décisions à prendre. Lâcher prise sur ce qui s'en vient, mais surtout sur ce qu'est actuellement notre réalité. C'est souvent l'aisance dans notre confort qui nous retient de foncer. Ça fait peur, sortir de sa zone de confort et d'un autre côté, tout peut changer d'un jour à l'autre et on va s'adapter parce qu'on n'a pas le choix. Que pourrait-il arriver de si négatif? Si ça ne fonctionne pas, ce sera autre chose et ça nous prouvera que nous avons la force de le faire.
J'ai aussi compris que c'est bien pire de s'accrocher à tout ce qu'on va perdre alors que de s'ouvrir à tout ce que ça apportera fait toute la différence dans notre façon de gérer la situation. Ne reste qu'à taire les doutes et croire en nous, en notre force d'adaptation, à notre intuition.
Il y a plusieurs années, j'ai fait ce changement radical dans ma vie par peur et maintenant, je suis capable d'admettre que c'est une étape dans ma vie qui a demandé une grande force. Le changement n'est pas une tâche facile, ça peut être long, mais chaque pas nous rapproche un peu plus de notre but. Que ce soit une relation amoureuse, un changement de carrière, un déménagement, foncez et vous vous ajusterez, vous apprendrez, vous évoluerez.
Des apprentissages qui servent
Nous avons fait récemment l'achat d'une nouvelle maison, à peine plus d'une heure de route nous sépare de là où nous vivions. Quand est venu le temps de s'y établir, j'en étais incapable. C'était encore un ÉNORME changement, d'énormes sacrifices, beaucoup trop loin de mon monde où je me sentais enfin à nouveau «chez moi». J'allais perdre amis, routines, confort, bref un retour à la case départ... jusqu'à ce que je réalise que ma peur était basée sur une expérience passée.
En le réalisant, j'ai bien vu qu'avec cette expérience d'il y a 10 ans, j'ai grandi et je suis plus outillée. Ainsi j'ai plus facilement repris le contrôle sur mes émotions. Faites l'expérience: pensez à une situation où vous avez dû faire de grands changements. Qu'avez-vous appris de ça? Quels ont été vos mécanismes de défense à ce moment-là? Maintenant, servez-vous de ces apprentissages comme une force que vous avez, des cartes de plus sur lesquelles vous pouvez compter.
Est-ce que cette expatriation aura été une des étapes cruciales poussant le travail que j'ai fait sur moi? Ne serait-ce que pour cela (et Dieu sait qu'il y a beaucoup plus), j’en sors grande gagnante! Quand je ferme les yeux et que je prends une respiration profonde, les mots suivants me viennent à l'esprit: loin des yeux, loin du cœur… c’est ainsi que je me suis rapprochée du mien.
Je termine l'écriture de cet article assise dans un vignoble près de ma maison. C'est relaxant, ressourçant, magnifique et tout ça n'était pas dans les scénarios que je m'étais imaginés il y a 10 ans. Comme quoi il y a de merveilleuses surprises aussi.
Crédits photos: Jenny Beaudoin, ZabPhotographie
Je suis en Californie depuis janvier 2012 avec mon amoureux et mes deux filles! Nous sommes originaires de Québec et nous avons eu l’opportunité de nous installer dans le sud de la Californie. Mon blogue - Jenny en Californie - a vu le jour dans le but de partager mon expérience de vie en Californie. Passionnée des voyages, de la photographie et de la bonne bouffe, j’ai envie de partager avec les gens, sans prétention, mon quotidien dans mon nouveau coin de pays et sur tout ce qu'un nouveau départ m’a permis de réaliser.
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