Vous comme moi savons, intuitivement, que le fait d’entretenir des émotions positives est bénéfique à la santé physique. Mais dans les dernières années, les résultats des recherches scientifiques, particulièrement celles de la psychologie positive, sont venues appuyer cette intuition en montrant que les émotions positives constituent des composantes importantes du sentiment de bien-être subjectif.
Les scientifiques parlent d’ailleurs beaucoup de la médecine corps-esprit. Ils n’étudient plus seulement le corps et ses symptômes, mais les relations entre les pensées, les émotions et la santé. Le numéro de janvier 2016 du magazine L’essentiel Cerveau et Psycho était d’ailleurs entièrement consacré à ces nouvelles pratiques de la médecine qui sont de plus en plus présentes dans les hôpitaux: hypnose, acupuncture, neurofeedback, musicothérapie, etc.
On sait que la méditation, la relaxation et la pratique de la gratitude sont aussi des activités favorisant les émotions positives. Voici cinq autres activités de la vie courante que vous voudrez peut-être intégrer à votre vie, si vous ne le faites pas déjà, avec la volonté de vous ouvrir aux émotions positives qui les accompagnent. Comme vous le constaterez, elles sont directement interreliées.
Aider
La Dr. Suzanne Richards de la University of Exeter Medical School a fait une revue systématique de 40 recherches menées ces 20 dernières années et a trouvé que le bénévolat est non seulement bon pour la santé mentale (plus faible probabilité de dépression chez les personnes qui s’y engagent), mais qu’il augmente le bien-être général de la personne et même sa longévité.
Plusieurs raisons expliquent sans doute ces résultats. Pour faire du bénévolat, vous devez sortir de chez-vous, bouger, ce qui vous rend plus fort physiquement. De plus, le bénévolat favorise les interactions sociales, vous permet de rencontrer d’autres personnes, de vous faire des amis, de sortir de votre isolement et peut même donner un sens à votre vie.
Les recherches en psychologie positive démontrent aussi que le partage et les actes gratuits de bonté sont deux des ingrédients importants pour être heureux. Il semblerait que le fait de poser de tels gestes provoque la sécrétion d’endorphines, non seulement chez la personne qui pose le geste, mais aussi chez celle qui en est l’objet (et même chez celle qui en est spectatrice).
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Communiquer avec les autres
All You Need Is Love, chantaient les Beatles, et ils avaient sans doute raison. Interagir et communiquer avec les autres est aussi une bonne façon d’améliorer son humeur quand on se sent moins bien et d’augmenter la probabilité de ressentir des émotions positives. La plus longue étude longitudinale menée sur des adultes (la Grant Study) l’a clairement démontré.
En effet, les chercheurs de cette étude ont suivi, depuis 1938, 724 hommes dont il ne reste plus aujourd’hui qu’une soixantaine de survivants âgés de plus de 90 ans. Ils les ont rencontrés, année après année, pour leur poser des questions sur leur vie personnelle et professionnelle, sur leur enfance, etc. Les résultats sont concluants: ce qui compte plus que tout, plus que la richesse, le travail ou la célébrité, ce sont les relations significatives qu’on entretient avec son conjoint, sa famille, ses collègues de travail, ses amis, sa communauté. Le fait d’entretenir des relations saines est non seulement un bon indicateur de la satisfaction générale de la personne, mais aussi de sa satisfaction professionnelle et de sa santé mentale.
Vous pouvez écoutez plus bas le psychiatre Robert Waldinger, l’actuel directeur de cette recherche, dans une vidéo où il parle de trois leçons importantes sur la manière de se construire une vie longue et épanouissante (en anglais).
Jouer, s’amuser
À quoi jouez-vous? Il n’y a pas que les enfants qui ont besoin de jouer, nous aussi. Non seulement le jeu est-il source d’énergie et alimente-t-il notre santé mentale et notre créativité, mais il nous permet à nous, adultes, de nous oublier un moment, de sortir de notre quotidien et de nous distraire de notre réalité. Jouer nous permet de reprendre contact avec l’enfant en nous.
Quand je joue avec mes petits-enfants, je suis toujours fasciné par leur curiosité, leur esprit d’aventure, leur spontanéité, leur bonheur d’être dans le moment, leur inventivité. Bien sûr, je n’ai plus leur énergie et leurs jeux ne sont plus les miens. Mais j’ai mes jeux de « grande personne » qui me permettent d’avoir du plaisir, de lâcher prise, de m’exprimer, de socialiser, de créer et même de me dépasser. Je suis amateur de jeux vidéo et j’adore jouer en réseau à distance avec mes fils. Mais il n’y a rien comme une bonne partie de cartes ou un jeu de table pour me mettre en train, me faire rire et éprouver du plaisir. Je pourrais épiloguer longtemps sur les mérites du jeu. Qu’il suffise de dire que j’aime le jeu parce que la récompense est plus immédiate.
Apprendre
Je sais, vous allez me dire qu’il y a quantité de jeunes qui ne ressentent pas particulièrement d’émotions positives à l’école, lieu par excellence d’apprentissage. Mais tous les jeunes, comme les adultes, ont le désir d’apprendre de nouvelles choses, de découvrir de nouveaux endroits. L’être humain est fondamentalement curieux et explorateur. Le fait de centrer notre attention sur une chose, une personne, un lieu ou autre qui nous intéresse provoque toujours en nous des émotions positives.
Vous comprenez très bien que la joie qui découle de l’apprentissage nécessite certaines conditions. C’est plus facile d’apprendre en jouant, dans un environnement de liberté, sans se sentir pressé, et quand il y a un équilibre entre les capacités de l’apprenant et la tâche (j’apprends l’Espagnol avec plaisir, mais le Norvégien ressemble à du Chinois pour moi). Le plaisir vient aussi souvent quand on apprend avec d’autres, ce qui nous ramène à la communication.
Pourquoi ne pas mettre un peu de risque dans vos prochaines vacances? Nous avons tous, en chacun de nous, un aventurier qui s’ignore. Redonnez-lui vie en vous plaçant volontairement dans des situations qui demandent de puiser dans vos ressources.
L’exercice et les émotions positives
Non, je ne suis pas un adepte de l’entraînement à tout prix, des salles de gym, de la course dans toutes les conditions climatiques, Je trouve personnellement que plusieurs exagèrent là-dessus de nos jours et n’écoutent pas assez les signaux de déplaisir que leur envoie leur corps. Mais je suis tout à fait convaincu qu’il est bénéfique pour notre santé physique et notre bien-être psychologique de bouger, de nous oxygéner quotidiennement. C’est bon pour le corps, pour la confiance en soi, pour l’estime de soi et cela procure du plaisir. De plus, l’exercice libère des opiacés naturels qui pourraient diminuer les symptômes d’anxiété ou de dépression, bien que là-dessus les chercheurs ne s’entendent pas.
Je ne vous verrai sans doute pas dans le prochain décathlon (tout simplement parce que je n’y serai pas), mais nous nous rencontrerons peut-être sur une piste cyclable ou dans un sentier de montagne en pleine nature ou dans l’escalier que vous choisirez de prendre à la place de l’ascenseur. L’important, c’est que l’activité physique que vous choisirez vous plaise et qu’elle s’intègre bien aux nécessités de votre vie. Et croyez-moi, il n’est pas nécessaire d’avoir tout l’équipement à la mode pour marcher ou faire du vélo et ressentir les émotions positives que ces activités apportent.
Conclusion
Voici, pour terminer, un petit exercice. Tout au cours de votre journée, prenez conscience de vos réactions émotionnelles dans diverses situations que vous traversez. Déterminez quelles activités, quelles personnes et quels endroits provoquent en vous les émotions les plus positives. Voilà ce que vous devriez introduire davantage dans vos semaines pour éprouver plus souvent des émotions positives.