Comprendre les causes du stress permet de travailler sa situation personnelle. En effet, tout stress, même le plus externe, correspond à un facteur interne et c’est dans cette perspective qu’il faut comprendre et analyser les causes du stress pour mieux évoluer.
Le quotidien apporte, outre les contraintes habituelles et prévisibles, elles-mêmes souvent stressantes, son lot d’imprévus susceptibles de déclencher une réaction d’adaptation. Nous avons vu (Comment évaluer et définir le stress) que chaque individu appréhende la réalité à sa manière, selon son tempérament, sa personnalité, sa culture, ses apprentissages antérieurs et ses ressources personnelles. Certains résistent davantage et mieux que d’autres au stress.
Dans tout agent stresseur, même externe, il y a donc une composante personnelle. Il n’y aurait aucun stress, au sens existentiel, s’il n’y avait aucune sensibilité pour le percevoir.
Doit-on programmer le plaisir?
Il est impossible de tout prévoir, de tout contrôler, de tout éviter. Ce n’est d’ailleurs pas souhaitable, car les bonnes choses de la vie sont souvent elles aussi accidentelles et nous surprennent agréablement au moment où nous nous y attendons le moins. Ceux qui ne peuvent accepter cette réalité seront, par le fait même, incapables de jouir d’un moment heureux hors de leur contrôle ou de l’illusion de leur contrôle. Ceci étant dit, trop d’imprévus et de changements peuvent nous entraîner au-delà de nos limites adaptatives.
Et il peut arriver que ce soit l’individu lui-même, par manque de conscience ou de jugement, qui se précipite dans la détresse, l’épuisement physique ou psychologique. Il arrive en effet que certains, au mépris de leur propre résistance, par inconscience ou bravade, accumulent inconsidérément stress par-dessus stress. À la limite, cela ressemble à un suicide psychologique. Malheureusement, la plupart de ces personnes n’apprennent que par expérience et plus elles résistent longtemps, plus le résultat est douloureux et l’expérience pénible.
Les causes du stress
La maladie physique, les accidents, toute agression à notre corps sont des stress. Il en est de même des conflits vécus avec d’autres personnes, et plus encore de ceux qui se passent à l’intérieur de nous.Toute perte d’estime de soi, toute inquiétude prolongée, les sentiments de frustration, les soucis de tout ordre, les tourments incessants peuvent miner notre santé et nous conduire tout droit soit dans la maladie, soit dans l’angoisse ou la dépression.
Pour certains individus, le seul geste de choisir, même entre deux aspects agréables, est éprouvant. Pour d’autres, assumer une responsabilité ou un risque les empêchera de dormir. Une contrariété, une frustration pourra parfois gaspiller, ternir, une belle journée. S’ensuivront alors des ruminations silencieuses tout à fait stériles et inutiles, ou encore un défoulement inapproprié et trop souvent excessif et tout aussi vain. Il y aurait long à dire sur les multiples causes du stress.
Nous ne saurions cependant passer sous silence une cause majeure qui est souvent à l’origine de bien des détresses et de forts sentiments d’impuissance. Nous voulons ici parler de l’anxiété et de ses composantes cognitives: les idées irrationnelles ou croyances que nous entretenons sur nous-mêmes, sur les autres (voir plus bas).
Plusieurs personnes sont persuadées qu’elles doivent toujours être parfaites et aimables. Souvent elles vont dépenser beaucoup d’énergie à vouloir plaire pour être appréciées et aimées. Elles sont préoccupées davantage par le faire plutôt que l’être. Elles ne se permettent aucune erreur, et si cela se produit, elles se sentent fortement coupables, accablées et ont tendance à se déprécier elles-mêmes. Tout dans leur attitude laisse voir leur insécurité, même si parfois elles se cachent derrière une personnalité faussement assertive. Elles ont tendance à se défendre énergiquement, bien qu’à l’intérieur elles « meurent de peur ».
Pensées irrationnelles
On appelle pensées irrationnelles certaines convictions personnelles qui ne sont pas raisonnables, qui ne répondent pas au bon sens, qui tendent à augmenter l’anxiété, l’inconfort et qui contribuent à nous faire percevoir comme des catastrophes certaines expériences de vie. C’est souvent la pensée ou nos croyances personnelles qui, bien plus que les événements eux-mêmes, façonnent nos réactions, notre anxiété et les émotions négatives stressantes qui y sont rattachées. En voici quelques-unes rapportées par Albert Ellis et citées par Spencer Rathus dans le livre Psychologie générale.
- Je dois sincèrement aimer et approuver, la plupart du temps, les gens qui sont importants pour moi.
- Je dois me prouver que je suis tout à fait compétent, adéquat et sur le chemin de la réussite. Ou, je dois au moins posséder une réelle compétence ou un réel talent dans quelque chose d’important.
- Les choses doivent se passer de la manière que je veux. La vie apparaît insupportable, terrible et horrible quand je n’ai pas ce que je désire.
- Les autres doivent traiter chacun d’une manière juste et équitable. Lorsque les gens sont injustes ou malhonnêtes, ils sont pourris. Ils méritent la damnation et un châtiment sévère et l’univers doit voir à ce qu’ils subissent pareille rétribution.
- Les gens et les choses devraient être mieux qu’ils ne le sont. Il est insupportable et horrible de ne pas trouver des solutions immédiates aux difficultés de la vie.
- Ma misère émotionnelle vient presque entièrement de pressions extérieures que je ne peux ni contrôler ni changer. À moins que ces pressions ne changent, je ne peux m’empêcher de me sentir angoissé, déprimé, écrasé ou hostile.
[Pour en savoir davantage sur les croyances, leur origine, les différentes sortes et pour apprendre une méthode permettant de modifier les croyances paralysantes, nous vous référons au chapitre 4 – Développer l’allié en soi – de notre livre Oser changer: mettre le cap sur ses rêves.]
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient atteints
Le souci de performer, la compétition excessive, les changements organisationnels ou personnels, le perfectionnisme, le tempérament de type A, les épreuves, le surmenage et même l’ennui sont des causes du stress. Nous sommes tous confrontés à cela. Comment se fait-il que certains craquent alors que d’autres y trouvent au contraire une motivation puissante à vivre, à évoluer, à chercher ? Nous croyons que c’est une question d’abord de résistance, de ressources individuelles et surtout de conscience. Aucun remède n’est possible sans la prise de conscience.
Il ne faudrait pas attendre d’être malade, physiquement ou psychologiquement, pour réagir, mais c’est souvent nécessaire et c’est ce qui arrive dans les faits. C’est parce que nous nous méprenons sur les signaux que nous envoie notre corps ou notre affectivité, notre sensibilité. Nous leur fermons la porte avec incrédulité, mépris ou ignorance. C’est parce que nous mettons en doute notre sagesse et notre intuition et que nous nous refusons ce que nous croyons être de la faiblesse. C’est parce que nous perdons le contact avec nous.
Pourtant, l’être humain a le droit de se tromper, d’être fatigué, d’être égoïste. Celui qui attend qu’on devine son besoin, son problème, sa situation va souvent attendre longtemps. Assumer la responsabilité de son état est d’abord un geste solitaire. Et s’il se trouve quelqu’un qui nous aime assez pour nous secourir à ce moment, prenons-le comme un cadeau du ciel, car nul n’est obligé de nous donner cela. Surtout, goûtons-le profondément. C’est une marque d’attention et d’affection authentique.
Si réagir n’est possible qu’une fois la prise de conscience faite ou l’état plus ou moins grave constaté, cela n’est possible que dans une certaine forme d’abandon et de pardon à soi-même. Se donner la permission de tomber, c’est déjà se relever.
Dans mon prochain article (Moyens de défense face au stress), nous verrons qu’il existe plusieurs moyens de défense face au stress. Certains sont moins efficaces que d’autres et nous en payons le prix à plus ou moins long terme. Nous aborderons les trois temps de la réponse d’adaptation psychologique, les réactions biologiques possibles et dix mécanismes de défense psychologique qui permettent de faire face, de s’adapter autant que de se défendre.