Il faut se pincer un peu pour y croire quand je regarde le thermomètre par ma fenêtre qui m’indique que, malgré le beau soleil, il fait encore frette, comme on dit par ici. Mais les journées allongent, même si elles ont encore vingt-quatre heures. Peut-être y a-t-il des fleurs chez- vous? Ici, les crocus sont encore sous au moins deux mètres de neige. Mais comme dit Henri Matisse: Il y a des fleurs partout, pour qui sait les voir. Et devant mes yeux, pendant que j’écris, une corneille se pose sur une branche du noyer de mon voisin et croasse comme pour me confirmer: ça s’en vient.
Et je sais que les outardes et les oies blanches sont en route pour leur aire de nidification et vont traverser le ciel au dessus de chez-moi très bientôt. Je sais que les odeurs vont revivre en même temps que la fonte des bancs de neige (et aussi des cacas de chat sous ma galerie…). Je sais aussi que je vais bientôt sortir dans le solarium prendre mon café et mon petit déjeuner et y laisser mes géraniums qui, déjà, réagissent au plus grand nombre d’heures d’ensoleillement avec une formidable poussée de croissance.
Bientôt, les écoliers vont passer devant chez-moi en T-Shirts et culottes courtes, les femmes vont troquer leurs vêtements chauds et épais pour de plus légers, les oiseaux vont chanter à tue-tête pour s’accoupler, la sève va jaillir des arbres et couler à flot, les pommiers seront en fleurs, mon chat va coucher dehors…
Bientôt, derrière chez-moi, je vais entendre le cri du Busard St-Martin qui sera de retour comme à chaque année depuis trente ans. Il retarde cette année, d’ailleurs. Mais c’est ça qui est beau avec le printemps et les Busards: ils reviennent tout le temps. Je me retiens de faire de la philosophie avec ça, même si c’est bien tentant. Je me contenterai de citer Michel Bouthot, artiste: Le printemps s’annonce toujours rempli de promesses… sans jamais nous mentir, sans jamais défaillir.