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La communication, Prévention, Santé mentale

Le cadeau de l’empathie

Marie Bérubé, M. Psychologie
L’empathie est une attitude naturelle chez certaines personnes, mais le plus souvent elle demande à être développée.

Avant-propos

Nous avons tous vécu la situation de crise de la pandémie de COVID-19. Mondialement, nous avons dû faire face à une réalité ignorée parfois volontairement depuis très longtemps: la fragilité de nos systèmes de santé, plus particulièrement en ce qui a trait aux soins de longue durée, au manque de personnel et  aux conditions de travail conséquentes.

Le coronavirus a mis la planète à genoux pour cette principale raison. La responsabilité échoit maintenant aux gouvernements, qui doivent composer avec ces négligences du passé et l’hécatombe qui en a découlé.

Les personnes âgées qui sont maintenues en vie, oui, à cause des progrès de la médecine, mais dans des conditions que leurs voix ne peuvent plus dénoncer, ont fait les frais de cette situation. 

La réponse à la crise fut sans appel: panique, urgence, les grands moyens, désastre oblige…

L’efficacité se passe des discours interminables. Une seule voix, quasi mondiale. On a entendu les Oui, mais… plus tard, beaucoup plus tard. Il n’y avait pas encore beaucoup de voix audibles, pas beaucoup d’avenues non plus, pour la grande majorité des gens.

Il n’y avait surtout plus d’espace pour toutes les autres souffrances moins pertinentes, du moins jugées comme telles dans l’urgence: souffrance des enfants, des adolescents, des personnes vivant avec des déficiences physiques ou psychologiques, des pauvres, des travailleurs œuvrant dans des services dits non essentiels  (mais pour eux, ils le sont), des personnes vivant avec la violence dans la familles, des aînés isolés, des personnes seules, des enseignants et du personnel soignant à bout de souffle, des petits entrepreneurs dévoués à leur gagne-pain, etc.

Toutes ces souffrances-là s’inscrivent dans des individualités, des fragilités, des perceptions qu’on ne prend pas le temps d’écouter, de vraiment écouter. L’écoute est fragmentée, les camps se sont dressés les uns contre les autres. Chacun a fait son analyse et compris la situation de son point de vue, légitime.

Même officiellement, il n’y avait pas beaucoup d’échanges entre les spécialistes sur la place publique officielle.  Tous les médecins, tous les psychologues, tous les sociologues, tous les épidémiologistes et autres professionnels embrassent-ils les mêmes convictions?  Il y avait 2 camps.  

À mon avis il devrait y avoir plus de place que cela pour la parole. De là s’enrichit la polarisation qui sépare une société en deux. De là des souffrances exacerbées, comme s’il n’y en avait pas assez, l’incompréhension…

Pour des raisons, quelles qu’elles soient, des drames humains ont été ignorés, et qui sait quel sera le prix à payer pour tous ces gens qui étaient au fond tout comme nous! Qui sait si ce prix à payer ne sera pas lui aussi désastreux!

J’arrête ici cette partie plutôt éditoriale et vous offre un article sur le pouvoir de l’écoute et de l’empathie. L’écoute ne règle pas tout.  Il faut aussi des actions.  Mais une véritable écoute débouche souvent sur une prise en compte. Elle allège le fardeau.  Elle prévient des catastrophes. Elle peut nuancer une approche, prévenir un suicide, une crise d’anxiété, contenir une dépression. Si quelqu’un m’offre le cadeau de son écoute, je ne suis plus seul, et je suis mieux disposé à collaborer.

Introduction

Comment le terme «empathie», naguère associé à la psychothérapie, s’est-il répandu dans l’usage courant de la langue? Probablement en partie avec l’ouverture d’esprit plus large aujourd’hui envers les sciences dites « molles » que sont la psychologie, la psychothérapie, le travail social et toutes ces approches qui utilisent la relation thérapeutique et l’écoute comme outils de travail.

L’empathie est une attitude naturelle chez certaines personnes, mais le plus souvent elle demande à être développée. Dans cet article, nous nous attarderons à une définition claire de l’empathie. Nous ferons aussi des distinctions avec d’autres attitudes qui peuvent s’y apparenter pour les non-initiés.

Nous verrons que divers obstacles rendent l’empathie sinon impossible, du moins très limitée. Par contre, nous serons à même de constater toute la portée et les possibilités que nous offre ce type d’écoute pour aider les autres, que ce soit sur le plan professionnel, où l’empathie est essentielle pour aider une personne à cheminer, ou tout simplement dans la vie de tous les jours, sur le plan humain, pour dénouer quelques impasses de communication.

En conclusion, je proposerai quelques pistes pour s’entraîner à l’empathie par le biais de suggestions de lectures pour aller plus loin.

L’empathie, la sympathie, l’altruisme et cie

L’empathie se vérifie même chez les animaux. Pourquoi ne pourrait-elle pas faire partie de nos habiletés de communication? En temps de crise, elle est plus que jamais nécessaire.

Pour définir l’empathie, on doit d’abord en connaître l’objectif. Car écouter quelqu’un avec empathie, outre le fait de lui apporter réconfort et compréhension, consiste également à le faire en gardant un certain recul par rapport à la situation. C’est cette distanciation nécessaire qui permettra d’avancer vers une solution, une étape de résolution, une diminution de charge ou  de souffrance émotionnelle.

Lorsque j’étudiais en psychologie pour devenir clinicienne, mon superviseur de stage avait coutume de dire en observant les interventions des futurs psychologues: «Tu dois écouter ton client avec la 3ème oreille.»

Cela voulait dire: « Si tu pleures avec lui, certes il va te trouver très sympathique, mais au final, tu ne l’aides pas. Et de plus tu vas te charger de sa souffrance, bien après la séance de thérapie, et te rendre beaucoup moins disponible pour la personne qui suit». 

Quand on veut venir en aide à quelqu’un, il faut garder ce petit pas de recul, tout en nous mettant à sa place le plus possible. Une personne empathique peut en comprendre une autre, bien saisir ses émotions, se placer le plus possible du point de vue de son interlocuteur, sans être submergée par sa subjectivité. La condition, c’est d’être capable de se décentrer de soi.

Cette décentration n’est pas toujours naturelle. Mais lorsque l’on y arrive, la communication est optimale. Si on le fait avec sincérité, la résistance et les défenses de l’autre tombent peu à peu. Un vrai dialogue va s’installer. On trouve les bons mots pour refléter ce que nous percevons de l’autre, de ses émotions, de sa situation. Cela permet une transparence de part et d’autre.

En situation thérapeutique, ce rapport est davantage à sens unique. Dans la vie courante, il peut se vivre de façon plus égalitaire. À tout moment chacun se sent libre et accepté, dans la précision de son ressenti et de ses perceptions.

L'empathie est payante

L’empathie est une attitude très payante dans toute relation significative, quelles que soient les différences qui nous séparent parfois: âge, expériences de vie, valeurs différentes, épreuves etc.

La décentration de soi amène forcément une meilleure compréhension du vécu de l’autre, qu’il soit très proche du nôtre ou au contraire très différent.

L’empathie minimise au maximum les blocages liés aux préjugés, aux perceptions, au manque d’écoute. C’est cet effort de décentration de soi qui permet l’écoute authentique. Trop souvent, vous l’aurez observé, surtout si nos opinions sont fortement polarisées, on prépare notre réponse en faisant semblant de s’intéresser à ce que l’autre dit.  Dites-vous bien que l’autre le sent, tout comme vous le sentez si on vous sert le même genre d’attitude.

Roman Williams, ancien archevêque de Canterbury a dit: «Une relation d’empathie ne commence pas par les mots Je sais ce que vous ressentez. Elle débute par la prise de conscience que vous n’avez aucune idée de ce que l’autre ressent » (1)

Bien sûr, il n’est aucunement nécessaire que toutes nos communications soient aidantes et empathiques. Mais ce serait sûrement la chose à faire d’appliquer ces principes lorsque la situation le requiert et que nous aimons suffisamment l’autre pour lui faire ce cadeau. De plus, il est prouvé que la transparence authentique (pas la manipulation) appelle la transparence. La magie opère souvent pour que votre partenaire vous gracie de la même attitude.

L’empathie n’a même pas besoin de déboucher sur une forme quelconque d’action. Vous serez sans doute surpris d’apprendre que du fait d’avoir été écouté de cette façon, la personne se sent déjà mieux et aidée. Parfois c’est la première fois qu’elle a l’occasion de s’entendre elle-même.

Une expérience à tenter. 

Votre enfant ou petit-enfant est tombé de vélo. Plus de peur que de mal, peut-être un peu de sang, mais une éraflure. Pourtant il pleure et surtout crie à ameuter tout le voisinage. Vous lui dites: «Ne pleure pas, tu es un grand garçon ou une grande fille…» Vous essayez aussi: «Cela ne fera pas moins mal si tu hurles…». Le voilà qui s’égosille de plus belle!

Je vous propose la petite phrase suivante : «Wow! Tu t’es fait une belle égratignure là! Ça doit te faire mal.» 

Je vous parie qu’il se met à renifler et à répondre : «Oui…» Et voilà, on peut soigner le tout et même rire à ré-imaginer la drôle de cascade!

L’empathie n'est pas la sympathie

Nous avons, la plupart d’entre nous expérimenté la sympathie. C’est également un excellent moyen d’entrer en relation. La sympathie permet de vibrer émotionnellement avec une autre personne en nous synchronisant souvent involontairement avec son état d’esprit. Cette synchronisation avec les émotions d’une autre personne, crée cette bulle dans laquelle nous éprouvons ou croyons éprouver la même chose qu’elle.

Un courant de sympathie apporte du réconfort à l’autre. Il se sent moins seul. La musique, le cinéma peuvent créer des états émotionnels semblables. Ce sont des moyens largement utilisés par les cinéastes pour nous amener à ressentir ce que vit un personnage.

Tout aussi réel qu’il soit, ce courant de sympathie que nous éprouvons à l’occasion pour nos semblables n’est pas nécessairement aidant. Vous avez peut-être été témoin à l’occasion de ces thérapies qui peuvent s’échelonner sur des dizaines d’années. La relation avec le psychothérapeute est sûrement incroyablement bonne, à moins d’être masochiste! Qui irait rencontrer son dentiste chaque semaine pendant 20 ans!

Pour moi cette idée est quasi inconcevable. La thérapie est un catalyseur.  Elle permet d’accélérer un processus de guérison naturel relié aux ressources de la personne.

Tout comme une grave blessure physique va finir par guérir naturellement, de bons soins vont raccourcir le délai et améliorer la cicatrice. C’est pareil pour une thérapie.  Je dis parfois en blaguant: ou bien le client n’a pas beaucoup de ressources, ou bien il n’a pas choisi le  bon thérapeute, ou pire…  Il peut s’agir d’inexpérience, ou tout simplement d’un mauvais match.

La seule sympathie s’apparente davantage à l’amour et l’amitié. Ce n’est pas ce qu’il faut rechercher en thérapie. Cette dernière n’est pas qu’un simple accompagnement, à moins de se satisfaire d’une amitié qui coûte son pesant d’argent.

La thérapie doit avoir pour but ultime de s’affranchir du thérapeute, de la dépasser. Tout comme on doit penser à se sevrer de son somnifère dès la première journée de son ordonnance. Ressasser en thérapie sans cesse les mêmes évènements du passé ne les feront pas disparaître. Pour cela la sympathie ne suffit pas.

Il faut revisiter le passé oui, mais pour mieux le réinterpréter et s’en servir pour grandir. Pour cela l’empathie fait toute la différence. En contexte thérapeutique, la sympathie se bute sur l’impuissance à avancer, autant chez le thérapeute que chez le client.

Dans la vie de tous les jours la sympathie a largement sa place. Elle permet cet accompagnement sensible qui fait de nous des humains. D’ailleurs, il est très difficile, voire impossible, d’être un bon thérapeute pour un proche. Les liens qui nous unissent rendent difficile la décentration nécessaire pour aider, suggérer des pistes de façon désintéressée. Mais à l’occasion, il est très possible de démontrer de l’empathie à son enfant, à son adolescent ou à toute autre personne qui en a besoin.

L’empathie est à la fois plus et moins que la sympathie.

L’empathie permet de se mettre à la place de l’autre, de voir les choses à sa manière, tout en gardant une certaine distance émotionnelle. Je ne suis pas moins sensible, mais nettement moins affecté, moins investi personnellement. Je dois m’oublier, laisser de côté mon égo, pour voir, percevoir, ressentir comme l’autre. Je suis moins investi, donc plus à même d’aider, de comprendre et éventuellement de suggérer des pistes de réflexion ou d’action. Mes observations et ma compréhension du monde de l’autre me permettent plus de latitude et d’objectivité.  À tout moment, l’autre personne peut apporter des précisions, même des réfutations si j’ai mal compris son message.  

La sympathie consiste à ressentir soi-même ce qu’on imagine que l’autre ressent, sans réellement essayer de voir sa réalité avec ses yeux. Nous vivons l’expérience émotionnelle de l’autre avec nos propres yeux, comme si nous y étions nous-même. En ce sens, notre regard est davantage tourné vers nous-mêmes, ce qui est à l’inverse de l’empathie où on se garde de fusionner avec l’émotion de l’autre personne.

L’empathie est totalement tournée vers l’autre dans l’oubli de nous-même sur le plan émotif, mais dans l’écoute dégagée qui peut voir au-delà. C’est la forme d’écoute la plus aidante.

Comme nous le disions plus haut, il n’est pas nécessaire ni même souhaitable que tous nos rapports avec les autres s’apparentent à de la relation d’aide. Les relations avec autrui se nourrissent aussi d’autres caractéristiques importantes.  Savoir écouter, donner sa chance à l’autre, faire preuve de gentillesse, être courtois, bienveillant, altruiste, sont aussi des attitudes remarquables.

Le concert de piano

Imaginons que vous assistez au concert de piano de votre enfant. Vous le savez nerveux, anxieux, stressé. Si vous vous mettez à ressentir vous aussi le trac, si votre cœur se met à battre et que vous êtes tout aussi tendu que lui, à l’idée de sa performance, vous avez de la sympathie pour lui. Ce qui est plausible et souvent le cas pour nos proches.

Il ne faut pas nécessairement proscrire cette attitude, mais prenons conscience que cet état ne nous permettra pas d’aider l'enfant à gérer son trac. Cela peut même lui nuire car, lui aussi, par solidarité, peut se sentir responsable de votre état et se synchroniser avec vous.

Par contre, si avec le petit recul de l’empathie, vous pouvez le comprendre, vous mettre à sa place, dans les circonstances, sans être débordé affectivement par ses émotions, vous voilà en mesure de le rassurer, de le réconforter, de lui rappeler les fois où une situation semblable s’est bien passée, de lui suggérer des trucs pour se détendre et de trouver avec lui des pistes de solution pour atténuer et combattre ce qui est nuisible dans les circonstances.

empathie

L’empathie n'est pas la bienveillance

La bienveillance est cette disposition qui présume de la bonne intention des autres, en général, malgré leur maladresse ou leur entêtement.

La bienveillance consiste à vouloir le bien des autres. Elle est empreinte d’indulgence, de compréhension, et est un ingrédient qui permet de ne pas tout de suite conclure par une critique ou un jugement.

La bienveillance est le contraire de l’hostilité.  La personne bienveillante fait l’effort de choisir la voix positive et ce qui est bénéfique pour la relation. C’est une composante de l’empathie.

Il est clair également qu’être altruiste, de façon naturelle ou choisie, de penser aux autres, d’être tourné vers eux sont des conditions générales qui facilitent l’empathie. La plupart des personnes dédiées à l’aide d’autrui (médecins, infirmières, préposée aux bénéficiaires, travailleurs sociaux, enseignants etc.) sont, dans la grande majorité des cas, des gens bienveillants, altruistes, capables de sympathie et d’empathie. Pour se protéger du burn-out, ils doivent développer leur habileté pour l’empathie, s’ils ne l’ont pas déjà. Porter toute la souffrance du monde sur ses épaules les mettrait en danger.

Devient-on aidant parce qu’on a déjà cette tendance à être tourné vers les autres? Je le pense. Mais je crois aussi que tout peut s’apprendre. Lorsqu’on est dans un métier d’aide, on comprend très vite à quel point cet outil qu’est l’empathie est précieux et essentiel pour aider beaucoup de personnes.

Il n’est aucunement nécessaire d’être proche de la personne, de l’aimer, d’avoir vécu les mêmes expériences qu’elle, d’avoir exactement les mêmes valeurs, pour pouvoir envisager la réalité de son propre point de vue. À titre d’exemple on peut très bien aider quelqu’un qui a vécu un deuil, un divorce, de la violence, un avortement, un problème d’alcool ou de drogue, sans nécessairement avoir vécu soi-même tout cela.

En bout de piste, être empathique ne nécessite pas d’approuver le point de vue de l’autre. Les cas de conflits de valeur existent, c’est certain, mais ils sont l’exception et on peut toujours diriger la personne vers quelqu’un d’autre, comme dans l’aide médicale à mourir par exemple si nos valeurs ne nous permettent d’aider jusque là.

Les obstacles à l’empathie

1- L’égocentrisme

L’égocentrisme est le contraire de la décentration dont nous parlions plus haut. N’oublions pas que l’égocentrisme est une étape normale du développement cognitif et affectif  de l’enfant et de l’adolescent. La maturation du cerveau sur un plan strictement neurologique s’étend sur 15 16 ans. Si je ne comprends pas ce phénomène je risque d’avoir des attentes complètement irréalistes de la part des enfants et des ados.

Mon empathie à leur égard doit tenir compte de cette réalité.  Et il devient clair qu’un petit enfant ou même plus grand, et qu’un adolescent ne peuvent pas réellement se mettre à votre place. 

Le développement du cerveau s’échelonne sur plusieurs années chez l’homme, contrairement aux animaux. C’est autour de 16 ans qu’on accède à la capacité d’abstraction. Et l’atteinte de cette capacité ne va pas nécessairement de soi. Certaines personnes n’y accèdent jamais, soit par manque de potentiel intellectuel, le plus souvent par manque de stimulation.

L’école fait partie de ces stimulations, au grand dam parfois de nos enfants qui honnissent l’algèbre et la philosophie. Certains n’y arrivent jamais: comprendre une équation algébrique, un théorème, la politique, la philosophie, jongler avec les abstractions sont des opérations inintéressantes et impossibles. Un muscle a besoin de bouger pour se développer. L’intelligence aussi.

a) L'égocentrisme chez l’enfant

Jusqu’à 6-7 ans (en moyenne), l’enfant est centré normalement sur son propre point de vue. Par la suite, il demeure très concret dans ses raisonnements et se décentre un peu.

Par exemple, au jeu de cachette (colin-maillard), il va compter jusqu’à 20 les yeux fermés, appuyé sur un arbre, et sitôt qu’il a fini, il va partir se cacher. Il ne peut pas soutenir 2 variables à la fois: chercheur et cherché. Autre exemple: il cache ses yeux avec ses mains ou une serviette, et il croit qu’on ne le voit pas.

Lorsque j’entre en relation avec lui, j’ai l’obligation de me mettre à sa place puisque lui ne peut le faire à mon égard. Sa vision du monde est limitée. L’enfant est dans le moment présent à moins que des conditions d’anxiété le submergent.

Ce n’est pas une bonne idée de chercher à l’amener sur votre terrain, et de lui démontrer que sa préoccupation ou son problème n’en sont pas. Vos a priori, c’est à dire votre interprétation, comme nous le verrons plus loin, peuvent vous empêcher de réaliser, par exemple, que le chagrin de votre bambin en froid avec son meilleur ami n’est pas une peine d’amour moins dramatique que celle d’un adulte.  Que ce qui vous apparait comme une insignifiance est une catastrophe à son niveau.

Vivre l’évènement de son point de vue, en gardant votre recul, au lieu de nier ou minimiser permettra qu’il se sente entendu et compris et ouvrira la porte à des pistes de solution qui l’aideront bien davantage.

En prime, vous enrichissez votre relation avec votre enfant, et la confiance qu’il peut mettre en vous. Dire: «Tu as vraiment beaucoup de peine», fera beaucoup plus pour désamorcer la crise que: «Tu verras, tu vas te faire facilement de nouveaux amis».

Pour des raisons évidentes, le petit ne peut pas penser comme vous, comprendre votre façon de voir. Vous, vous pouvez vous mettre à sa place, en calibrant votre communication selon son âge et sa maturité.

b) L'égocentrisme chez l’adolescent

L’adolescence est une étape cruciale et charnière du développement. Ici, c’est l’égocentrisme affectif et social qui biaise la capacité d’empathie de l'ado. Et c’est normal.

Entre 12 et 18-20 ans, les tâches développementales sont déterminantes pour le reste de la vie. Passer outre aurait des conséquences graves à l’âge adulte. Brièvement rappelons-les ici.

Pendant plusieurs années l’adolescent sera à la recherche de son identité. Il découvrira en se détachant peu à peu de la cellule familiale, au contact des autres, quelles sont ses propres valeurs. Il recherche autant son identité sociale, affective, sexuelle, que son identité amoureuse, politique, religieuse. Il gardera certaines des valeurs apprises à la maison, mais aura les siennes propres en terme de priorisation, et en développera peut-être des nouvelles.

Il se détache. Il fait moult expériences, dans des buts plus ou moins conscients, surtout avec les personnes de son âge. Il a ses secrets, une vie personnelle.

Souvent il se sent mêlé, déplore qu’on ne le comprenne pas, tout en ne se comprenant pas tout à fait lui-même.

Il se sent souvent visé, observé, critiqué et par le fait même il est centré sur sa propre personne. Il ne réalise pas que ses semblables, loin de l’observer, vivent exactement la même chose que lui. Ceci est normal et même souhaitable parce que c’est aussi dans le groupe d’amis qu’il va apprendre à se décentrer.  Pas avec ses parents et c’est normal. Il accepte beaucoup mieux d’être remis en question par un pair que par un parent. Il doit vivre ce chemin pour s’en sortir.

Je me permets ici une petite parenthèse. Soyons quelques instants empathiques: le confinement lié à la pandémie a été une horreur pour eux. Je ne parle pas ici du bal de secondaire V! Je parle de ces échanges avec d’autres pays, de ces projets d’écriture, de théâtre, de ces rencontres déterminantes et expériences qu’on ne fait qu’à cet âge. Ils n’auront pas 2 fois 16,17 ou 18 ans…Repensez à votre jeunesse et imaginez-vous enfermés avec vos parents pendant plusieurs mois…Comment rester insensibles!

Nos adolescents sont déjà inconfortables dans leur âge. Ils ne peuvent pas se mettre à notre place.  Ils n’ont pas notre expérience. Ils n’ont pas eu nécessairement beaucoup d’épreuves. Ils n’ont pas expérimenté encore la résilience.  Ils ne peuvent connaitre votre place, il ne l’ont pas vécue encore et ils en ont plein la tête de la leur.

Pour créer des conditions de communication avec lui, il faudra beaucoup de doigté, de maturité, et de bienveillance. Si on peut lui pardonner sa difficulté avec l’empathie, vous, vous pouvez avec un effort sincère tenter de voir le monde avec ses yeux. Dire à votre ado: «Tu vas les retrouver tes amis, ils ne vont pas disparaître. Tu dois pour le moment penser aux autres et rester à la maison!» est un discours insensé pour lui, impossible à tenir en compte. Presque autant que de lui demander de penser à son fonds de pension versus une année sabbatique pour voyager… Il n’est pas là. Je ne dis pas qu’ ignorer ou contourner les règles sont la solution. J’affirme qu’ignorer sa détresse et ne pas la recevoir peuvent être lourd de conséquences.

Peut-être avez-vous déjà entendu, lorsque vous étiez jeune, un parent dire à son adolescente qui vient d’être laissée par son amoureux: «Tu n’as que 16 ans. La mère des garçons n’est pas morte!» Ou encore: «Un de perdu, 10 de retrouvés» Ce n’est pas l’empathie qui domine ici.

L’adolescente pourrait, si elle avait plus d’années et moins de peine, nous répondre ceci: «Non, la mère des garçons n’est pas morte...  Mais laisse-moi pleurer ce garçon-là qui me rendait heureuse.  Pourrais-je être reçue dans ma peine, écoutée vraiment? Tu ne peux pas changer la situation et je le comprends, mais tu pourrais alléger mon fardeau en le partageant avec moi.»

En recevant le cadeau de l’empathie, elle sera sans doute plus apte à consoler ses amis et plus tard ses propres enfants. On ne peut pas effacer un deuil en le niant, ni en remplaçant la perte par une distraction, un autre poisson rouge,  un autre chat ou un autre ami.

c) L'égocentrisme chez l’adulte

L’égocentrisme de l’adulte ne peut se prévaloir d’autant d’indulgence. Force pourtant est de constater que beaucoup d’adultes restent immatures sur le plan affectif ou, si vous préférez, sur le plan de l’intelligence émotionnelle.

Plusieurs facteurs peuvent être en cause: développement cognitif incomplet, environnement pauvre, culture de l’enfant-roi devenu adulte-roi, problèmes de personnalité etc. De plus, l’époque actuelle, avec ses réseaux sociaux envahissants, donne lieu à une course aux likes, qui induit et favorise un narcissisme parfois pathétique et incommensurablement vide.

À vouloir briller, devenir la star de sa propre vie, on reste dans son intimité plus seul que seul et c’est mal définir l’estime de soi que la mesurer à ce comportement. Je ne veux pas m’attarder ici sur cette course à l’apparence des choses, et de bonheur tapageur, ni à la qualité des messages partagés sur tous les Facebooks de ce monde. (2)

Il faudrait aussi analyser le phénomène grandissant de la cyberintimidation qui fait se sentir grand et important le fait de rabaisser les autres. On est loin, très loin de l’empathie.

Le narcissisme et les problèmes de personnalité dont l'égocentrisme est la source constituent autant d’obstacles à l’ouverture à l’autre et à la différence. Vous aurez compris que narcissisme et empathie se rencontrent difficilement.  

Le narcissique adore être vu, écouté, compris. S’il est si difficile à aider, du moins en thérapie, c’est que l’exercice s’arrête là. Il n’accepte aucune piste, aucun point de vue autre que le sien. Il est incapable d’avancer, de se remettre en question.  Lui seul a le pas…

Dans une communication ordinaire, chez l’adulte, l’empathie se doit d’être réciproque si on désire une relation d’amitié, d’amour. L’égocentrisme, le narcissisme tuent à la longue ces relations à sens unique.  

2- Les biais cognitifs

Voilà un second obstacle important à l'empathie. Un biais cognitif est une erreur de perception, une distorsion de notre cerveau devant une expérience, une situation.

En fait, notre première réaction est souvent biaisée et nous avons besoin de quelques secondes de réflexion pour rectifier le tir.  C’est une réaction archaïque de protection, mais elle nous induit en erreur, de manière plus ou moins importante selon les circonstances.

Nous commettons ces erreurs typiques en raison de notre instinct, pas toujours adapté aux dangers de notre époque si on compare au temps de l’homme des cavernes. En raison aussi de nos croyances, pas toujours aidantes, de nos intuitions, pas toujours avisées, de nos perceptions faussées, de nos certitudes, pas toujours dictées par la science. Et il y a des dizaines et des dizaines de biais cognitifs. (3)

Leur étude est passionnante, en particulier pour les magiciens car c’est en les utilisant volontairement qu’ils parviennent à nous mystifier et à nous berner! Je m’attarderai ici à 2 d’entre eux qui m’apparaissent 2 grands obstacles à l’écoute de l’autre et, plus particulièrement, à l’attitude empathique: le biais de connaissance et le biais de l’erreur fondamentale d’attribution.

a) Le biais de connaissance

Ce biais consiste à prendre inconsciemment pour acquis que notre interlocuteur dispose du même bagage d’informations et de connaissances que nous.

Nos savoirs, nos connaissances font partie de notre identité. Nous avons tendance à négliger le fait que les autres ne les possèdent pas nécessairement, qu’ils en ont d’autres et parfois encore plus pointues, qu’ils ne s’abreuvent pas aux mêmes sources.

Il est difficile de se mettre à la place de quelqu’un qui n’a pas le même bagage que nous et inversement. Il est très facile de s’énerver s’il ne nous suit pas sur notre propre terrain. «Mais voyons! C’est simple il me semble!»Il est très difficile de faire abstraction de nos recherches, de nos savoirs, de nos spécialités.

On dit qu’une personne très savante est parfois un très mauvais pédagogue. Les élèves apprennent davantage d’une collaboration entre eux, supervisés par des enseignants capables de vulgariser la matière. Transmettre ce que l’on sait est un art. Moins on est expert, mieux on communique, c’est à dire qu’on trouve le chemin pour enseigner, sans créer de barrières, ou de blocages. Plus on est capable de se connecter à l’autre, par l’écoute et la vraie communication, mieux on transmet son savoir. Et plus on est apte à admettre le savoir de l’autre. C’est pourquoi l’enseignement à distance a ses limites. Un contact via un ordinateur sera à mon sens toujours dénué de la chaleur humaine d’une présence tangible.

Lorsqu’on veut vraiment écouter, et communiquer, nous de devons pas oublier que nous sommes presque toujours biaisés par nos connaissances, nos émotions, nos intérêts, nos lectures, notre âge, etc. Autant d’éléments de notre monde personnel qui ne sont pas nécessairement communs au monde de l’autre.

La carte du monde d’un médecin n’est pas la même que celle d’un politicien, d’un urgentiste, d’un enseignant, d’un aîné, d’un enfant, d’un adolescent, d’une personne démunie, d’un policier… vous aurez compris!

b) L’erreur fondamentale d’attribution.

Ce biais cognitif est très fréquent. Parce que notre cerveau se fie souvent aux premières impressions, et que nous interprétons dans un premier temps une situation dans un but inconscient de protection, nous commettons abondamment cette erreur.

Elle consiste à attribuer la raison d’un comportement d’autrui à des dispositions qui lui sont personnelles. Nous faisons des diagnostics, comme si nous en avions la légitimité. On dira de quelqu'un qu'il agit comme il agit à cause de son caractère, de sa personnalité, d’un problème psychologique, plutôt que de tenir compte du contexte, ou de l’environnement. Curieusement, nous faisons exactement l’inverse lorsqu’il s’agit de nous mêmes. Nous nous trouvons des excuses et des circonstances atténuantes. Deux exemples:

- Dans une file d’attente, un inconnu s’immisce devant vous, pour être servi plus rapidement. Même s'il s’excuse brièvement du bout des lèvres, tout de suite vous ressentez une certaine frustration si ce n’est une bouffée d’adrénaline: «Quel malotru, quelle personne mal élevée!»

- Lors d’un échange avec un collègue, ce dernier s’approche physiquement de vous sans réaliser votre malaise à son entrée dans votre bulle personnelle. Il appuie ses dires en vous touchant. (Précisons ici que nous ne sommes pas en pandémie). Le sens que vous donnez aux gestes de l’autre personne et le jugement que vous portez dépendront de votre interprétation: «Voilà une personne drôlement chaleureuse, en tout cas plus que moi». Ou «Je ne me sens pas respectée ici. Je subis sans qu’on ne me demande mon avis». Ou encore: «Mais c’est du harcèlement!», «Cette personne est sûrement quelqu’un de dominateur», « Je suis certaine qu’il me fait des avances, quelle personne suffisante pour s’imposer ainsi». Ou même: «Ah! Voilà un bon kinesthésique (4) pour qui le toucher est une manière de dire qu’il est content de parler à quelqu’un».

Nous avons tous naturellement tendance à sous-évaluer le contexte, l’environnement, la situation; et à sur-évaluer le rôle des éléments qu’on croit intrinsèques à la personne… Et nous faisons le contraire pour nous-mêmes. Malheureusement nous supposons que cette impression première est durable dans le temps et définit l’autre.  Voilà un autre biais cognitif: l’effet de Halo.

Peut-être que le malotru de mon premier exemple est en train d’essayer de ne pas rater son avion et qu’il est très stressé! Il n’est pas nécessairement ce genre de personne tout le temps. Peut-être que votre collègue n’a aucune des intentions que vous lui attribuez, et que sa façon d’être est celle d’un extraverti, alors que vous êtes plutôt du genre timide et introverti, avec une grande bulle…

Contrairement à l’adage, la première impression n’est pas toujours la meilleure. Il faut savoir que les comportements des gens sont davantage liés au contexte qu’à leur caractère.

L’empathie permet justement de mieux comprendre la colère, l’impatience, l’échec ou même le succès. Un revers financier ou la réussite ne sont pas nécessairement liés au manque de génie ou au génie de la personne. Un très grand nombre de facteurs, dont la chance, les expliquent mieux souvent.

Les facteurs qui expliquent un comportement sont plus nombreux que le seul fait de l’intelligence, la compétence ou l’incompétence de quelqu’un. Il y a aussi entre autres, l’environnement, les contraintes, la gestion d’une pandémie par exemple... Ce n’est pas l’époque idéale cette année pour juger de la santé des entreprises et des entrepreneurs.

Bien sûr, nous n’avons pas toujours accès à notre capacité d’empathie. Parfois nous n’allons pas si bien nous-mêmes. Le recul demande un effort dont nous sommes momentanément privé. Dans ces cas-là, on peut toujours contacter notre bienveillance de base et la très bonne croyance que la grande majorité des gens agissent avec de bonnes intentions.

Le fait de reconnaître les biais cognitifs est la première étape pour s’en protéger. Cela fait baisser la pression, protège les relations qui sont précieuses pour nous et rendent les circonstances moins pénibles.

Se pratiquer à l’empathie

Je crois sincèrement que dans certaines circonstances, il vaut mieux être empathique que simplement sympathique: avec les enfants, les adolescents, les personnes en perte d’autonomie, les gens qui souffrent, etc. La sympathie demeure une excellente façon d’être en relation et de partager les émotions d’une autre personne, bien sûr. Mais il arrive que notre responsabilité personnelle et même collective est de venir en aide.

L’observation, l’écoute, le respect des émotions sont les conditions de la relation empathique. Pour être à même de comprendre le vécu émotif de l’autre, je me dois d’abord d’observer; les mots utilisés, le langage non-verbal, les attitudes qui déjà parlent beaucoup. Par exemple, se faire dire: «Fais donc comme tu penses!» ne veut certainement pas véhiculer le même message que: «Fais-toi confiance!». Lorsque quelqu’un vous dit: «Bonne chance!», selon le ton employé l’expression peut véhiculer deux messages opposés.

Reconnaître les émotions d’une autre personne, les valider en posant des questions, sont des façons de rendre notre écoute active. Certes, il n’est pas ici question de faire de nous des thérapeutes dans la vie de tous les jours, il ne le faut surtout pas. Mais, mieux écouter, ne pas juger d’emblée, laisser l’autre s’exprimer avant de donner son avis, voilà un art qui se perd dans notre nouveau monde polarisé par la montée des extrémismes, quand toute forme de nuance n’a plus sa place. Pensons à la politique, à la censure des mots dans les universités et aux violences qui en découlent.

Pour ma part, j’ai toujours formé mes opinions à partir de mon sincère intérêt pour les diverses opinions possibles (amis, collègues, lectures, conférences). Je n’aime pas vraiment le choix blanc ou noir, avec moi ou contre moi, ce sont des choix déshumanisants.

Méfions-nous de nos biais cognitifs, de la pensée unique, des dogmatismes. Devenons plus capables de ne pas toujours savoir, de ne pas avoir de réponse définitive. Le monde est beaucoup plus complexe que nous le voudrions.

Savoir écouter, comprendre un enfant, un adolescent, un adulte ne signifie pas que nous pouvons changer la situation, mais bien que la personne se sentira moins seule, moins ignorée, moins jugée, et que momentanément on aura porté le fardeau ensemble. Et cela nourrit ce qui nous unit. (5)

Conclusion

Ainsi que nous l’avons vu, l’empathie se différencie des autres marques de considération pour les autres. Si elle est plus naturelle chez certains, on peut développer cette capacité d’empathie, surtout à l’égard des personnes très différentes de nous par l’âge, la situation, les intérêts, avec qui on a le désir de communiquer vraiment.

Nos biais cognitifs, notre niveau de maturation, nos lacunes affectives, rendant impossibles la décentration de notre propre point de vue, sont à l’origine de blocages et peuvent même conduire à des conflits importants.

Si un animal peut à l’occasion se montrer empathique pour un congénère ou un humain (je pense aux chiens-guides), fait avéré en éthologie, pourquoi en serions-nous incapables? Comme le disait un collègue: «Aimes-tu plus ton enfant, ou tes principes?» Pour brutale qu’elle soit, cette petite question nous renvoie à notre échelle de valeurs.

En cette époque troublée, plus que jamais nous devons retrouver notre humanité. Plus que jamais, il faut de l’empathie, de la bienveillance de l’altruisme, de la générosité, de l’affection. Nos moyens sont souvent limités pour changer les choses, réparer ce qui peut l’être. Mais le pouvoir d’un petit geste, d’une petite action, d’un petit mouvement de compassion peut faire des miracles. Essayez pour voir!


1 Cité par Rémi Larrousse (2019) Je sais ce que vous pensez. Éditions Larousse . p. 240.

2 À ce sujet, écoutez notre podcast L’estime de soi à l’ère de Facebook.

3 Wikipedia. Biais cognitifs.

4 Visuel auditif kinesthésique (VAK): 3 façons de percevoir la réalité.

5 Nous renvoyons le lecteur à nos nombreux articles sur la communication pour en apprendre davantage.

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