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Émotions

L’écriture: un rendez-vous avec soi-même

Marc Vachon, m.ps.

Écriture. Moments seuls avec soi-même. Doux moments de relation intime avec l'être unique que l'on est. Pas 2 êtres ne sont identiques. 

Relation intime donc avec l'unicité de quelqu'un qui vit dans un monde où personne ne sait qui il est vraiment. Dans un univers où il ne faut surtout pas que les perceptions imaginaires des autres à son sujet le définissent davantage que ce que lui sait de son être.

Jamais les opinions fantasmées des autres à notre sujet ne doivent primer sur la connaissance que l'on a de soi.

Et l'écriture permet ce voyage en soi, ce périple à travers nos paysages intimes, nos zones d'ombre et de lumière, cette incursion dans un univers singulier, sans pareil, incomparable, cette exploration d'une étoile qui n'a jamais été et qui ne sera jamais plus. 

Mais pourquoi l'écriture?

Peut-être simplement parce que, comme l'expression artistique, l'écriture fait du bien.  Elle favorise la connaissance de soi, permet d'explorer, de dire, de deviner, de voir ce qu'il y a derrière la façade. L'écriture est utile pour exprimer le fond de sa pensée, nommer ses émotions, comprendre ce que l'on ressent, raconter les choses et les événements et leur impact sur soi, soulager son stress.

Elle est utile pour se libérer du cycle sans fin de la rumination, cette attention passive, répétitive, voire obsédante, portée sur ses pensées et ses émotions négatives.

Aussi pour prendre du recul,  relativiser,  lâcher prise, donner du sens à ce que l'on vit ou simplement pour organiser ses  pensées.

Voilà tout ce que m’a permis l’écriture, et bien plus. Et je ne parle pas ici de l’écriture d’articles ou de livres qui a d’abord un objectif d’enseignement et de transmission de connaissances.

L'écriture expressive

L'écriture expressive est plus spécifique. Développée comme outil thérapeutique par le psychologue américain James Pennebaker dans les années 80, on s'en sert pour exprimer les pensées et les sentiments qui découlent d'une expérience de vie traumatisante ou stressante. Elle peut aider certaines personnes à faire face aux retombées émotionnelles de tels événements. 

D'ailleurs, plusieurs études ont évalué l'impact de l'écriture expressive sur les personnes souffrant de problèmes de santé physique tels que l'apnée du sommeil, l'asthme, les migraines, la polyarthrite rhumatoïde, le VIH et le cancer. Les résultats suggèrent que l'écriture expressive peut initialement déranger les gens, mais les aide finalement à se détendre.

Plus récemment, des chercheurs ont évalué si l'écriture expressive aidait à réduire le stress et l'anxiété. Une étude a constaté que cela profitait à des proches aidants chroniquement stressés. Une autre a révélé que les candidats anxieux qui écrivaient brièvement leurs pensées et leurs sentiments avant de passer un examen important obtenaient de meilleures notes que ceux qui ne le faisaient pas. (note 1)

Personnellement, aussi loin que je me rappelle, j'ai toujours écrit, bien avant qu'on parle d'écriture expressive. Sur des bouts de papiers, des cahiers réservés spécifiquement à mes réflexions, un ordinateur ou ma tablette.

Je n'appelle pas ça un journal, puisque je n'écris pas régulièrement, de façon systématique. J'écris quand j'en sens le besoin, c'est tout. Parfois juste pour le plaisir de la chose, moment privilégié de pensée , de créativité, de connaissance de soi, parfois même de méditation.  

Comment entreprendre ce voyage

Sans peur d'abord, sans appréhension exagérée, de la manière qui vous sied.

Se mettre en route à partir d'un rêve nocturne ou d'une aspiration? Pourquoi pas? Avoir des rêves et les poursuivre est important, j’en ai déjà parlé. 

Partir d'une pensée? Ou d'une émotion qui s'attarde? D'une question que l'on se pose? D'un texte? D'un souvenir difficile? Oui, bien sûr! 

L'essentiel, c'est de commencer à écrire, sans trop se censurer, sans se mettre la pression d'en faire une œuvre littéraire, sachant que l'on écrit pour soi.

J'aime beaucoup employer le dialogue dans ces rencontres avec moi-même, surtout quand j'essaie de démêler mes émotions ou que je rencontre un problème. Par exemple, j'imagine une partie de moi qui est aidante et écoutante et qui se charge de me poser des questions, de me faire verbaliser ce que je ressens sans juger, sans me critiquer. Vous pouvez commencer en écrivant simplement: «Comment tu te sens dans ça? » ou «Qu'est-ce que tu penses de...» ou «Qu'est-ce que ça te fait de...» . J'aime cet interlocuteur qui m'aide à prendre une distance. C'est le Parent Aidant dans l'Analyse Transactionnelle.

Puis changez de paragraphe quand vous répondez à ses questions, à ses demandes d'éclaircissements, quand vous écrivez vos émotions, votre ressenti. Si vous saviez le nombre de fois où cette «mise en scène» m'a aidé à me démêler.

Je sais que plusieurs suggèrent un endroit en particulier consacré à l'écriture. Pour moi, l'endroit importe peu. Je m'assure bien sûr de ne pas être dérangé et d'avoir ce qu'il faut à portée de la main. Rien de pire qu'une idée qu'on oublie parce qu'on n'a rien pour la noter.

Heureusement, nous avons presque tous des outils informatiques qu'on traîne partout, ce qui n'est pas toujours le cas d'un cahier et d'un crayon. Mais je vous dirais que j'apprécie toujours autant l'écriture à la main. Pour moi, il y a toujours une aura particulière dans ce geste de glisser le crayon sur un papier.

Conclusion

Alors, que diriez-vous de vous y mettre et de prendre rendez-vous avec ce que vous renfermez d'unique et de précieux?  
Vous le faites déjà? Comment vous en servez-vous? Parlez-vous de votre expérience en nous laissant un commentaire.

Note 1: Harvard Health Publishing - Writing about emotions may ease stress and trauma

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