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La communication

Couple: comment fait-on pour garder la flamme bien vivante?

Marie Bérubé, M. Psychologie

Dans un couple, peut-être que l’important n’est pas de vouloir rendre l’autre heureux, c’est de se rendre heureux et d’offrir ce bonheur à l’autre. (Jacques Salomé)

L’amour englobe souvent pêle-mêle une foule de réalités, de sentiments qui, bien que parfaitement compréhensibles pris individuellement, laissent perplexes l’amoureux, l’esthète, le jeune parent et tous ceux qui aiment, à leur façon, un conjoint, un enfant, un ami, un art, une profession.

Dans cet article, nous allons nous interroger sur l’amour entre conjoints et sur les façons de préserver la flamme dans un couple. Sous forme de Questions et Réponses, je vous présente mes réflexions sur l’importance de l’intimité, de la passion et de l’engagement et vous propose des moyens pour entretenir la flamme dans le couple.

La communication dans le couple

Q. C’est un lieu commun de pointer la communication lorsque l’on évoque un couple durable. Y a-t-il vraiment une telle recette ? Et si oui, comment s’y prend-on pour bien communiquer ?

R. D’abord, il faut savoir qu’une relation de couple se bâtit au fil du temps, et comporte plusieurs aspects. Il y a, dans le mot communication, le mot commun. Plus les partenaires auront des traits similaires (même éducation, même milieu, même religion,), s’il n’y pas de grossesse non-désirée, que les études sont terminées, plus les chances sont élevées d’avoir une union durable. Par contre, il est fréquent que l’homme et la femme ne perçoivent pas l’union de la même manière. Alors que la femme considère souvent la relation comme un lieu où exprimer ses sentiments, elle mesure l’intimité par le niveau d’échanges entre les partenaires. L’homme, quant à lui, a souvent tendance à mesurer l’intimité par la sexualité et son implication par le fait de contribuer aux tâches domestiques.

Q. La plupart des amoureux souhaitent la même chose : le partenaire idéal, la stabilité amoureuse et la réussite de leur union. Comment se fait-il que tant de couples échouent, alors qu’au départ, l’amour est présent et devrait soulever des montagnes?

R. Une relation amoureuse, c’est un peu comme un enfant. Elle doit se développer et, pour cela, il faut s’occuper de toutes ses composantes, soit l’aspect physique, c’est-à-dire la passion, l’aspect affectif, donc l’intimité, et l’aspect cognitif, c’est-à-dire l’engagement. Une certaine harmonie entre les trois est importante pour garder l’équilibre et surtout pour que l’amour dure dans le temps. De plus, c’est la communication qui garantit cet équilibre, car dans la poursuite de l’objectif, il est nécessaire que les deux partenaires désirent la même chose et selon des modalités compatibles, c’est-à-dire que l’on s’entende sur les moyens

Q. Peut-on penser qu’une relation est boiteuse si, par exemple, l’un ou l’autre de ces trois aspects (physique, affectif et cognitif) est plus ou moins présent?

R. Selon certains oui ! Mais, on peut dire aussi qu’il y a plusieurs formes d’amour. Et que certaines combinaisons entre passion, intimité et engagement sont plus favorables. D’autres, par contre, n’ont que peu de chances de durer. Idéalement, l’amour complet comporte les trois dimensions, du moins au fur et à mesure que se développe la relation.

Les composantes de l’amour dans le couple

Q. Peut-on décrire un peu plus ces fameuses composantes ?

R. La passion, c’est le carburant, l’énergie, le désir. C’est l’appel du corps, la motivation. Souvent, mais pas toujours, c’est la première phase de l’amour. Elle est exigeante. C’est la phase où l’on idéalise l’autre et tout ce qui se rapporte à notre amour. Elle peut même agir comme le ferait une drogue, et certains individus peuvent même y perdre leurs convictions, nier leurs besoins et oublier pratiquement leur identité pour plaire à l’autre et le garder. Si la passion n’évolue pas vers autre chose, il y a un risque que les amoureux se tournent vers une autre tornade de sensations à l’extérieur du couple, dès que la nouveauté sera estompée.

Mais, la relation peut aussi devenir plus mature et permettre aux deux autres aspects, soient l’intimité et l’engagement, d’émerger. L’intimité, c’est la création des liens affectifs, l’ouverture à l’autre, la confiance. L’intimité peut aussi inclure la sexualité, mais pas nécessairement. En fait, être intime, c’est avoir une relation privilégiée et privée. Les hommes et les femmes, comme nous l’avons dit plus haut, ne la perçoivent pas nécessairement de la même façon.

L’intimité, c’est aussi bien le partage des passions ou intérêts communs, que celui des rêves, des besoins de chacun, de ses secrets, dans une transparence dénuée de méfiance. Quand l’intimité inclut la sexualité, elle se manifeste par le respect des besoins de l’autre et dans la liberté. Finalement, l’engagement est de l’ordre de la décision : celle de choisir l’autre et d’agir pour que la relation dure. L’engagement soudera la relation et permettra d’aller plus loin, de réaliser davantage que ce que nous pourrions faire individuellement. Un couple c’est une équipe.

L’engagement dans le couple

Q. À quoi peut-on voir qu’un couple s’engage ? Faut-il nécessairement se marier ?

R. Le mariage est optionnel. C’est un engagement public. L’engagement privé est beaucoup plus vital. S’engager, c’est décider de rester avec l’autre malgré les sacrifices que cela risque d’impliquer dans le temps. Et c’est aussi décider qu’on fera les efforts nécessaires pour la durabilité de l’union. Nécessairement, il faut y être motivé et agir en conséquence. On s’engage sur le plan affectif, mais aussi objectivement, c’est-à-dire en tenant compte des réalités concrètes et matérielles comme les biens, l’argent, les assurances, que notre union en soit une à l’amiable (union libre) ou sociale (contrat écrit). Évidemment, l’engagement requiert un sens fort de son identité, une bonne connaissance de ses besoins, de ses attentes, de ses valeurs, et une capacité de renoncement liée à la maturité.

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Q. Qu’arrive-t-il s’il manque un ou deux aspects?

R. Théoriquement, il y a huit formes de relations possibles selon les combinaisons retenues. C’est la théorie triangulaire de l’amour de Robert J. Steinberg.

  1. L’absence de l’amour caractérise la plupart de nos relations interpersonnelles sans lendemain où il n’y a ni passion, ni engagement, ni véritable intimité.
  2. L’affection décrit aussi bien l’intimité entre deux personnes, dans l’amitié par exemple, que certaines relations amoureuses.
  3. L’engouement est constitué de la seule passion. C’est le coup de foudre, le sexe pour le sexe.
  4.  L’amour vide caractérise les relations où il n’y a que l’engagement, par exemple dans certains mariages arrangés dans d’autres cultures.
  5.  L’amour romantique est fait d’intimité et de passion, mais l’engagement y est absent.
  6.  La camaraderie, quant à elle, conjugue intimité et engagement. La passion y est absente ou a disparu, mais on a pris la décision de rester ensemble.
  7.  Passion et engagement décrivent bien l’amour béat : celui qui se développe comme une tornade, mais sans relation intime. Parfois il peut durer quelque temps.
  8.  Enfin, l’amour complet réunit les trois aspects. On le recherche, mais c’est plus facile de l’attendre que de le faire durer.

Toutes les relations qui sont susceptibles de s’inscrire dans la durée sont celles où la dimension de l’engagement est présente.

L’amour complet

Q. Peut-on développer volontairement ce genre d’amour ?

R. Bien sûr! Cependant, les deux partenaires doivent le désirer, les deux doivent être disposés à changer ou à modifier leur relation. Les deux doivent également communiquer efficacement. Il faut se parler, beaucoup, souvent, et choisir le moment pour le faire. Donc, il faut être deux. Le piège à éviter est de croire que l’autre devrait comprendre, que notre message est clair, alors qu’il ne l’est pas. De la même manière, on ne doit pas vouloir changer l’autre, lui tirer les vers du nez, imposer sa demande ou, pire, répondre à sa place. Puisqu’il arrive qu’hommes et femmes ne parlent pas le même langage, il faudra être patient, être sensible au non-verbal, se révéler d’abord soi-même. Avant tout, il faut attendre le moment favorable ou le provoquer. Il est inutile de parler si l’autre n’est pas disposé à écouter. Il faut aussi bien écouter, sans interrompre l’autre, ni le juger, même si notre point de vue est différent.

Finalement, il convient de dédramatiser certains conflits, de s’ajuster, de surmonter la routine et aussi d’avoir du plaisir ensemble. Et il faut vérifier si notre message a bien passé, et si nous avons bien compris ce que l’autre a exprimé. J’ajouterais, pour conclure, que vivre en couple demande beaucoup aux partenaires: ajustements, questionnements, concessions, communication, imagination et pardon… Mais tout cela n’est-il pas compensé par d’innombrables gratifications?

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