Par Daniel Lambert
Comme la majorité d’entre vous, je savais que méditer est un excellent outil pour gérer le stress, que la méditation a des effets positifs sur le système immunitaire, la pression sanguine, etc. Je savais aussi que méditer aide à prendre de meilleures décisions, à être plus créatifs, et que la méditation transforme littéralement la structure même du cerveau! Je savais tout cela, mais, avant cette année, je ne méditais pas chaque jour. En effet, si j’avais vraiment crû qu’en seulement une trentaine de minutes par jour je pouvais avoir un impact aussi important tant sur ma santé mentale que physique, j’aurais logiquement pris ce temps. Mais j’avais besoin d’une raison plus convaincante pour le faire.
Mon problème, peut-être vient du fait que, contrairement à bien de mes collègues méditants, méditer ne me fait pas vivre d’expériences marquantes. Alors que certains rapportent avoir vu plein de lumières, d’autres disent avoir reçu un message et d’autres encore ont même senti l’amour de Dieu… Moi je suis bien, c’est certain, mais sans plus. Et c’est sans parler des fois où, au contraire, je ne suis pas bien du tout: j’ai mal au dos, j’ai du mal à trouver une position confortable ou encore des pensées semblent littéralement m’assaillir de toutes parts! Je termine alors ma méditation en pensant que j’ai perdu trente minutes… J’ai donc longtemps médité dans la confiance que ces moments m’étaient bénéfiques à des niveaux que je ne pouvais malheureusement pas sentir. Mais, de toute évidence, cette confiance n’était pas assez forte pour me faire méditer chaque jour.
Méditer? Un entraînement au bonheur
Pour moi, maintenant, méditer est un entraînement mental au bonheur. Sans cet entraînement, bye bye bonheur. C’est aussi simple que cela.
Il y a plusieurs choses dans cette affirmation. D’abord, qu’être heureux nécessite un entraînement. Facile d’être heureux quand tout va bien. Même alors, certains trouvent le moyen de ne pas pleinement profiter de leur bonheur en se disant qu’il ne va pas durer… Mais le vrai défi, c’est d’être heureux malgré que tout ne soit pas encore parfait.
La psychologie (nos vies aussi d’ailleurs) nous apprend que, devant un même événement, nous ne réagissons pas tous de la même manière, ni avec la même intensité. Voici une expérience que je fais régulièrement avec mes étudiantes et étudiants. Je leur demande de s’imaginer être les protagonistes de l’histoire qui suit et d’écrire leur réaction à la fin.
Vous marchez péniblement pour vous rendre à l’école en hiver et il neige vraiment beaucoup. Arrivé à l’école, vous constatez qu’elle est fermée à cause de la mauvaise température et que vous devrez retourner chez vous, dans la tempête… Qu’est-ce que vous vous dites?
À chaque fois, les réactions peuvent se diviser en deux groupes: un Groupe Colère dans lequel les commentaires se résument à : J’ai marché jusqu’à l’école pour rien. Pourquoi l’école est-elle fermée? On aurait dû le dire avant… Et un groupe opposé avec des commentaires exprimant la JOIE: Yes! Pas d’école, je vais pouvoir jouer dans la neige!
L’importance des perceptions
Lorsqu’il est question d’événements de la vie quotidienne et non d’événements traumatiques extrêmes, les études démontrent (que notre perception de l’événement serait encore plus déterminante de nos émotions que l’événement en soi! Intéressant, car la psychologie affirme aussi que nous avons du pouvoir sur nos perceptions, alors que nous n’en avons pas vraiment sur les imprévus qui arrivent.
Et si nous ne contrôlons pas les imprévus, nous ne contrôlons pas vraiment non plus nos perceptions et réagissons alors de façon automatique. Comme la majorité des gens, moi y compris, lorsqu’un imprévu fâcheux survient, la première réaction est la frustration, la colère peut-être même ou alors le découragement voire l’effondrement. Mais pourtant, d’autres sont moins affectés et réagissent même en cherchant le positif dans cette même situation. Voilà mon objectif.
- LIRE AUSSI: Perception du changement: 3 filtres à connaître
Être heureux malgré…
Être heureux malgré, c’est donc arriver à poser notre attention sur les dimensions positives d’une situation. C’est, par exemple, voir le plaisir des possibles dans le fait que l’école soit fermée. Être heureux malgré, c’est poser notre attention sur d’autres aspects de nos vies, des aspects positifs qui nous donnent le courage nécessaire d’affronter ce qui ne va pas, s’il y a lieu.
Plus nous serons capables de diriger notre attention là où nous le souhaitons, plus nous serons en mesure, devant un désagrément, de diriger notre attention vers les aspects de la situation qui pourraient être positifs. Logique non? Et plus nous nous exercerons, plus cela deviendra facile. Ce sera notre nouvelle habitude. Nous nous surprendrons à voir la vie de façon plus positive.
Je médite régulièrement maintenant parce que méditer m’entraîne justement à poser mon attention là où je le décide consciemment. Et c’est souvent plus difficile qu’il n’y parait. Sans entraînement quotidien, il est difficile de garder son attention sur sa respiration plus de 20 secondes…
Méditer à tous les jours m’entraîne au bonheur, rien de moins! Et vous savez la meilleure? Une partie du travail se fait tout seul. Plus je médite et plus mon attention va d’elle-même vers des aspects positifs de ma vie, malgré que tout ne soit pas parfait.
Alors si vous vous interrogez sur la pertinence de commencer à méditer ou si vous cherchez une raison pour continuer à méditer à tous les jours, voici en vrac quelques éléments qui m’ont convaincu:
- Les choses ne vont pas toujours comme j’aimerais qu’elles aillent.
- Je n’ai pas de contrôle sur les imprévus de ma vie et je n’ai pas fini d’en vivre.
- Bâti comme je suis, si je ne m’entraîne pas à diriger mon attention là où JE le désire, mon attention continuera d’être naturellement attirée par les aspects fâcheux d’une situation malheureuse.
- Je serai donc l’esclave de mon attention qui me fera vivre davantage de frustration que de bonheur..
- Pour être heureux malgré, je dois donc m’entraîner à diriger mon attention là où elle ne va pas de façon automatique, c’est-à-dire sur les dimensions positives d’une situation fâcheuse. Voilà ce que méditer me permet de faire.
Ma discipline-bonheur
Alors, je m’assied chaque jour et je discipline mon attention afin de la garder concentrée sur ce que JE décide, qu’il s’agisse de ma respiration ou d’un mantra, de la lumière d’une chandelle, etc.
De plus, plusieurs fois par jour, je prends le temps de m’arrêter pour observer consciemment ce qui m’entoure, car pour moi, c’est aussi un entraînement de mon attention. Prendre conscience du vent sur mon visage, de la chaleur du soleil, du poids de mes pieds lorsque je marche. L’idée est de demeurer dans cette conscience aussi longtemps qu’on le décide, malgré la tendance de l’attention de vouloir aller ailleurs.
En conclusion, je crois que nous avons deux choix: 1- être contrôlés par les événements fâcheux qui surviennent malgré nos efforts pour que tout se passe bien; 2- apprendre à contrôler notre attention jusqu’à ce qu’elle se dirige automatiquement vers les aspects positifs de ces mêmes situations qui, avant, nous faisaient éprouver de la frustration. Je vous laisse deviner quel est le mien.
Daniel Lambert, M.ps. est auteur et communicateur. Il enseigne la psychologie depuis 1995 et s’intéresse au mieux-être et aux meilleures façons de l’atteindre. Il est aussi l’auteur d’un guide pour venir en aide aux parents dont les enfants font des crises d’agressivité ou de colère.