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Le changement

Mauvaise habitude: 2 stratégies pour en changer

Marc Vachon, m.ps.
On prend parfois comme une mauvaise habitude d’être malheureux. George Eliot, Le moulin sur la Floss

Nous sommes souvent esclaves de mauvaises habitudes. Il suffit d’essayer de changer celles qui nous sont nocives pour réaliser à quel point elles résistent à nos efforts. Une des raisons qui explique cette difficulté, c’est que nos habitudes de longue date sont déclenchées inconsciemment par des situations que nous rencontrons fréquemment. En effet, les habitudes s’acquièrent par la répétition. Elles deviennent alors inconscientes et se faufilent facilement sous notre écran radar. Et nous les répétons alors sans réfléchir, de manière réactive et non réfléchie.

Dans un article paru dans le Personality and Social Psychology Bulletin (note 1), les auteurs proposent deux stratégies pour contrer les habitudes néfastes: la surveillance attentive et le contrôle de la stimulation.

Mauvaise habitude et surveillance vigilante.

On peut surveiller les dérapages et quand ils se présentent, se commander à soi-même: Ne fais pas ça! À court terme, cette surveillance vigilante est la stratégie la plus efficace parce qu’elle nous aide à prendre note de la mauvaise ‘habitude et nous rappelle notre intention de la changer. Mais, comme le soulignent avec justesse les auteurs, cette surveillance continue peut être fatigante et, certains jours, le contrôle de soi est plus faible.

De plus, cette stratégie ne fonctionne pas pour les tentations, puisqu’en guettant les dérapages, nous accordons encore plus d’attention à la tentation qui, paradoxalement, est encore plus tentante! Surveiller une pensée dans l’espoir de s’en débarrasser fait que la pensée revient encore plus fort. C’est un peu comme d’essayer de ne pas penser à un camion bleu : pour ne pas y penser, je dois paradoxalement y penser.

Le contrôle de la stimulation.

On peut aussi s’enlever la possibilité de répéter une mauvaise habitude que l’on veut changer en contrôlant notre environnement. Par exemple, sortir du bar, du restaurant fast-food ou du magasin dans lequel on se trouve ou se lever et quitter son ordinateur (pour la cyber dépendance).

Comme on dit souvent: loin des yeux, loin du cœur! Le contrôle de la stimulation peut alors supprimer la possibilité de poser le geste que l’on tente d’empêcher. À long terme, il peut être nécessaire d’essayer de remplacer une vieille habitude par une nouvelle (ne dit-on pas que la nature a horreur du vide). Malheureusement, cette nouvelle habitude est susceptible d’être beaucoup plus instable que l’ancienne.

Alors! Si quelqu’un vous dit qu’une habitude se change facilement (Développer une nouvelle habitude: 21 ou 28 jours?), ou bien il se ment à lui-même ou il est en train de vous vendre quelque chose qui ne fonctionnera probablement pas.

LIRE AUSSI: Changer une habitude et la neuroplasticité du cerveau 

(1) Jeffrey M. Quinn, Anthony Pascoe, Wendy Wood, and David T. Neal. Can’t Control Yourself? Monitor Those Bad Habits. In Personality and Social Psychology Bull, Aprietinl 2010; vol. 36, 4: pp. 499-511.

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