Par Marie-Sylvie Dionne
La vie ressemble à une longue course à obstacles, mais le principal obstacle, c’est soi-même. Jack Parr.
Selon la qualité de lunettes avec lesquelles il est possible de voir le monde, certaines personnes perçoivent un obstacle ou une difficulté comme étant une menace ou une entrave. Pour d’autres, la même situation prend l’allure d’une occasion ou d’un défi. Quelles sortes de lunettes portez-vous?
La fuite
La fuite est l’un des deux comportements de notre organisme en réponse à un facteur de stress. L’autre est son contraire, soit un comportement de lutte ou de résistance. Lorsque la survie d’un individu est menacée, il peut être tout à fait sain et pertinent de fuir. Par contre, on ne pourra en dire autant chez celui qui fuit un obstacle ou une difficulté liée à la réalisation d’une tâche, projet, démarche ou situation impliquant un engagement personnel de sa part. Dans un tel contexte, le comportement de fuite souligne une crainte de réussir ou d’échouer. Ça révèle aussi la peur de s’engager face à soi-même ou face à d’autres. Une attitude de fuite engendre une série de comportements de fuite. Sans prise de conscience ou sans aide extérieure, on peut passer sa vie à fuir les situations. Guidé par cette attitude, on peut duper plusieurs personnes sur sa route, mais on ne peut les berner toutes, ni se mentir soi-même bien longtemps. L’individu en fuite n’accomplit rien qui puisse le rendre fier de lui. Il sera enclin à se juger et à agir de façon improductive, jusqu’à ce qu’il ose un jour, mettre un frein à ce processus d’auto-sabotage en cessant de donner raison à ses peurs.
La négation
On utilise la négation lorsque des changements nous sont imposés par notre environnement. Par exemple, au travail, un nouveau patron arrive. Des changements organisationnels se mettent en place, de nouvelles façons de faire voient le jour. On aura alors le réflexe de dire: C’était bien mieux avant. L’attitude de négation peut aussi nous porter à juger la situation en généralisant: Les boss sont tous des cons! La vérité, c’est qu’on subit le changement et que l’inconnu nous effraie. On se sent mal outillé pour y faire face. Bien sûr, chialer, c’est plus facile et moins exigeant au plan psychologique. C’est d’ailleurs pourquoi tant de gens y recourent, avec tant d’aisance et si peu de scrupules.
La culpabilisation des autres, le blâme
Les individus agressifs, frustrés ou violents préconisent à répétition cette attitude. Ils projettent sur autrui l’image désolante qu’ils ont d’eux-mêmes. De cette façon, leur vie semble moins pénible à porter. En rendant les autres coupables des obstacles sur leur route, ils ont le sentiment d’amoindrir leurs responsabilités face à la situation. Perception illusoire ou naïve, puisqu’au plan psychologique, leur fardeau s’accroît à force de blâmer autrui. L’abus de ce sentiment de pouvoir par la culpabilisation des autres et le blâme peut provoquer chez autrui de sérieuses séquelles. Or, la personne qui blâme ne s’offusquera pas des conséquences de son comportement. Nourrie par l’exercice d’un sentiment de pouvoir pervers, elle sera peu portée à modifier son attitude. La tâche revient alors à tous et chacun de savoir repérer une telle dynamique comportementale chez autrui. Et surtout, d’apprendre rapidement à tracer des limites nécessaires afin de mettre la personne face à ses attitudes et comportements.
L’apitoiement, la culpabilisation de soi
Face aux obstacles, certaines personnes se soumettent aux autres, perdent tous leurs moyens et se disent incapables de prendre des décisions. En remettant leur pouvoir personnel entre les mains des autres, elles perdent leur propre pouvoir et ouvrent la porte aux abus et à plusieurs formes d’irrespect. L’attitude d’apitoiement est une invitation à une forme d’esclavage déguisé. Quand on laisse aux autres le soin de décider ce qu’il nous revient de vivre et de faire, on en vient graduellement à perdre confiance en soi, à voir son estime de soi affaiblie et à avoir de moins en moins de motivation ou de joie de vivre. C’est un défi de reprendre sa vie en main par la suite. Toutefois, lorsqu’on arrive à le faire, un monde nouveau se lève enfin.
L’acceptation des obstacles
Puisque fuir, nier, blâmer, s’apitoyer ou se culpabiliser ne change strictement rien à la difficulté ou l’obstacle à vivre, il importe de faire face à ce qui se présente à nous avec le plus de détachement possible. Ceci implique d’apprendre à créer une distance émotive entre ce qui se produit et notre façon d’y réagir. Face à un obstacle ou situation imposée à laquelle on ne peut rien changer, l’acceptation est une attitude clé permettant de faire face à ce qui est présent, sans ajouter de charge émotive susceptible d’alourdir la situation. Accepter, c’est s’affranchir de l’obstacle, en l’utilisant comme levier pour apprendre et pour se dépasser. Vous aurez compris qu’il s’agit d’accepter ce qu’on ne peut changer. En aucun cas cela implique de tolérer, oublier, nier une situation ou s’y résigner passivement. Notre intelligence émotionnelle permet d’accepter, parfois même l’inacceptable, avec une conscience de soi élargie. L’acceptation véritable est une attitude noble; une résultante de la maîtrise de soi et de la qualité de discernement.
L’adaptation
Une personne qui accepte ou affronte les obstacles reconnait son pouvoir personnel, ses limites et les conséquences de ses gestes. Elle utilisera son énergie pour agir de façon constructive sur son environnement et les situations qui se présentent à elle. Guidée par son intelligence émotionnelle, elle aura conscience de ce qui se vit en elle face à l’événement, et choisira en conséquence un mode de réaction adapté, pertinent et avantageux pour elle et pour les autres, s’il y a lieu. Elle se révélera ainsi maître de ses choix et de sa destinée. Cela s’appelle aussi la liberté responsable.
Marie-Sylvie Dionne est coach professionnel, membre de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec et Vice-Présidente de Parachute Carrière. Elle accompagne une variété de clients en gestion du changement et prise de décisions. Elle est également blogueuse au Huffington Post. Cet article est reproduit avec la permission de l’auteure et de Parachute Carrière.
Crédits photo: Dawn Elner et Maury Mccown – Flickr Creative Common